Malgré la nécessité de travailler ensemble, autorités luxembourgeoises et élus lorrains locaux peinent à s’accorder sur le développement commun du territoire. (Photo: Licence C.C.)

Malgré la nécessité de travailler ensemble, autorités luxembourgeoises et élus lorrains locaux peinent à s’accorder sur le développement commun du territoire. (Photo: Licence C.C.)

Avec des projections tablant sur l’arrivée de 102.000 nouveaux frontaliers au Luxembourg à l’horizon 2035, la mobilité transfrontalière deviendra une question de plus en plus politique. Particulièrement avec la France, pays d’origine de 70% des futurs salariés du Grand-Duché, selon les estimations de l’Agence d’urbanisme et de développement durable Lorraine Nord, alors que les relations semblent compliquées de part et d’autre de la frontière.

Le dernier exemple en date tient dans la volonté des élus lorrains de voir aboutir un monorail qui relierait la gare de Thionville au Grand-Duché. Évoquée une première fois en 2015, l’idée fait désormais l’objet d’une étude de faisabilité dont les résultats doivent être rendus dans les semaines à venir. Commanditée par la communauté d’agglomération Portes de France-Thionville, «cette étude est également financée par le pôle métropolitain du Sillon lorrain, c’est-à-dire par les élus jusqu’à Nancy, ce qui indique l’intérêt que cette solution engendre», souligne Patrick Luxembourger, vice-président de la communauté d’agglomération.

Nécessité de mettre en place une véritable politique de co-développement.

Patrick Luxembourger, maire de Terville

Si le projet ne prétend pas être une solution miracle mais plutôt «une infrastructure complémentaire», capable de transporter «20.000 personnes aux heures de pointe», il se heurte au blocage luxembourgeois. Un temps évoqué en support d’un «super-bus» pour relier Luxembourg-ville à Esch-sur-Alzette, le monorail a définitivement été enterré par François Bausch (Déi Gréng), ministre du Développement durable et des Infrastructures, au profit d’un tram rapide.

Pour justifier son choix, l’actuel locataire du ministère de la place de l’Europe avait évoqué «l’absence de masse critique suffisante» pour supporter l’investissement et «les difficultés d’intégrer ce moyen de transport dans le tissu urbain». Autant d’explications rejetées par Patrick Luxembourger, qui estime que cet argumentaire «ne répond pas aux besoins actuels et futurs» et surtout «ne répond pas à la nécessité de mettre en place une véritable politique de co-développement sur l’ensemble du territoire».

Cela arrange peut-être les Luxembourgeois qu’il y ait des problèmes de transport...

Patrick Luxembourger, maire de Terville

Car selon le maire de Terville, le Luxembourg «ignore totalement les élus qui sont directement concernés par les mesures» et «n’a aucune volonté de discuter avec nous». Ce qui aurait pour conséquence directe, selon lui, «de se mettre dans de gros soucis dans une échéance plus ou moins courte». Et ce dernier d’évoquer notamment «la montée de tensions inutiles», référence sibylline à la petite phrase lâchée par Xavier Bettel lors de sa visite d’État en France au cours de laquelle il indiquait «ne pas vouloir payer la décoration de Noël d’un maire d’une commune frontalière».

Alors que la France et le Luxembourg se sont accordés sur le co-financement de projets de mobilité transfrontalière à hauteur de 120 millions d’euros, 90% seront alloués à des projets ferroviaires, comme le doublement de la voie entre Thionville et Bettembourg. Une solution qui devrait permettre de transporter quelque 25.000 personnes aux heures de pointe à l’horizon 2028, une fois les travaux achevés.

«Alors que la réponse doit être apportée maintenant», clame Patrick Luxembourger, qui s’interroge sur les choix politiques effectués de ce côté de la frontière. Et ce dernier d’affirmer «que cela arrange peut-être les Luxembourgeois qu’il y ait des problèmes de transport en Lorraine, car cela fait venir les gens au Luxembourg pour y habiter…» Sollicité, le ministère du Développement durable n'a pas souhaité, lundi, répondre à ces propos.