Claude Rolin et Gilles Roth sont en désaccord sur la question de la fiscalité européenne. (Photo: Maison Moderne)

Claude Rolin et Gilles Roth sont en désaccord sur la question de la fiscalité européenne. (Photo: Maison Moderne)

Pour

«Les transferts sont nécessaires» selon Claude Rolin, député européen belge PPE

Le député européen Claude Rolin constate, comme d’autres, que la sociale-démocratie est de plus en plus ébranlée. «Notamment, car il y a une absence de réponse sociale aux grands enjeux», déplore l’élu belge. «Cela passera notamment par une régulation de l’économie, indispensable pour lutter contre le dumping social.»

Or, au niveau européen, des forces s’opposent à cette évolution «notamment au niveau des pays de l’Est, c’est clair». On peut évidemment, comme lui, déplorer «un élargissement mal préparé, des fonds Juncker mal orientés». Mais afin de «répondre aux attentes des citoyens concernant leur vie quotidienne», il plaide «pour arriver à une unanimité afin de prendre des décisions fiscales au niveau de l’Europe.»

Car «c’est un préalable indispensable à la suite qui consiste en une possibilité de transferts de moyens d’un pays vers l’autre. Dans toutes les régions du monde qui ont la même monnaie, il existe cette possibilité de transfert, sauf en Europe. Si on ne fait pas cela, il est évident que l’on va dans le mur». À ce titre, il voit dans le souhait du président français Emmanuel Macron de créer une armée européenne une avancée positive. «Oui, car c’est dire que l’on peut dépenser moins et, surtout, mieux. Et de réaliser des choses qu’on pensait ne pas pouvoir réaliser», conclut Claude Rolin.

Contre

«L’équilibre est là», d’après Gilles Roth, député-maire de Mamer

Pourquoi vouloir changer ce qui va bien? C’est un peu la conclusion de Gilles Roth, député-maire de Mamer, quand on lui parle d’une fiscalité qui pourrait être un peu plus européenne que nationale. «Le Luxembourg a réformé sa fiscalité et certains sujets ont été, à juste titre, soumis à des discussions assez dures», souligne-t-il.

«Il était important que notre pays garde son attractivité pour les travailleurs des différents secteurs, tout en s’appuyant sur une base juridique solide.» Laisser la main à l’Europe? «Je ne vois pas pourquoi. Depuis 20 ans au moins le Luxembourg applique la jurisprudence européenne dans le domaine fiscal.»

Et dans le cas des frontaliers «je pense que nous sommes arrivés à un équilibre et à un traitement équitable. Aussi en ce qui concerne les résidents, car il y avait le risque d’une discrimination à rebours.» La rétrocession d’une partie de l’impôt vers la Belgique est, elle, selon lui, «une décision politique, pas fiscale.Mais logique. Et si le montant devait être revu, je crois qu’il faudrait l’envisager en une aide au niveau de la création ou au maintien d’infrastructures».

De plus, Gilles Roth estime que l’État doit garder un minimum de prérogatives afin de pouvoir agir le cas échéant dans certains domaines qui lui sont propres. «Cela pourrait être nécessaire au niveau des pensions. On va devoir y réfléchir. Nous avons de plus en plus de frontaliers, mais une fois pensionnés leur argent quitte le circuit luxembourgeois. À terme, cela va poser un problème», termine-t-il.