Claude Wagner (Bati C) (Photo : Christiam Wilmes)

Claude Wagner (Bati C) (Photo : Christiam Wilmes)

Le marché luxembourgeois regorge de fiduciaires. Il n’est pas toujours aisé de choisir le bon prestataire. En effet, beaucoup de paramètres entrent en jeu, comme la spécialisation, la complémentarité et la proximité avec l’entreprise.

À la tête, aujourd’hui, de 25 sociétés, Claude Wagner a repris sa première entreprise, Batichimie (devenue entre-temps Bati C), en 1994. En près de 20 années d’entrepreuneriat, son expérience s’est affinée et il peut désormais se targuer « de connaître quasiment toutes les fiduciaires du Luxembourg ». Lors de la reprise de Batichimie donc, Claude Wagner s’était attaché les services d’Arthur Andersen, « qui à l’époque faisait beaucoup d’outsourcing pour la structuration de bilans et la comptabilité notamment ». Par la suite, il s’est réorienté vers une fiduciaire locale, celle de Marc Muller pour le conseil en comptabilité et sa filiale Paddock Group pour l’audit.

Au fur et à mesure de son parcours entrepreneurial, Claude Wagner s’est adjoint les services de plusieurs autres fiduciaires. Et, au travers de son vécu, il conseille. Aux jeunes PME, il suggère de s’adresser à une « petite » fiduciaire qui se chargera des bilans, de la compatbilité et de la gestion des salaires. « Je ne pense pas qu’il soit intéressant de s’occuper de la gestion des salaires en interne pour les structures de moins de 50 employés. Au contraire, il est préférable, pour des raisons de confidentialité, de déléguer ce travail à une fiduciaire. » Il est également important, selon lui, que la fiduciaire choisie travaille en étroite collaboration avec une société susceptible de gérer les pans audit et révision.

Néanmoins, pour l’élaboration d’une structure juridique, il est judicieux de se tourner vers une société spécialisée et un cabinet d’avocat. « Si j’avais eu le point de vue d’une fiduciaire spécialisée à l’époque, j’aurais mis en place une structure bien différente », reconnaît Claude Wagner. C’est pourquoi il considère également que chaque PME devrait se prendre le temps de repenser sa structure juridique, comptable et fiscale, et ceci tous les trois ans. Pour ce faire, il est préférable de prendre conseil auprès d’une fiduciaire rompue à cette activité.

Chacun son rôle

Si les petites structures ont l’avantage de proposer leurs services à des coûts bien moindres que les Big Four par exemple, elles reposent aussi leurs services sur des prestations qui se veulent plus personnalisées. « Lorsque je m’adresse à ma fiduciaire, j’ai toujours affaire à Marc Muller en personne et non à l’un ou l’autre de ses assistants. Il connaît les sociétés dont il a la charge et répond très rapidement à mes questions. » Cette réactivité n’est pas toujours du ressort d’une grande structure avec laquelle il est rare d’avoir le même interlocuteur. Certaines petites fiduciaires – et il y en a une multitude, avec pignon sur rue – se chargent essentiellement de réaliser les bilans, la comptabilité et le commissariat aux comptes, « et ça s’arrête déjà là ». Insuffisant pour une entreprise qui recherche un conseil fiscal, par exemple. Claude Wagner admet que c’est un aspect qu’il laisse « à des fiduciaires spécialisées, tout comme la structuration juridique qui devient de plus en plus complexe ».

La machinerie des fiduciaires au Luxembourg semble donc bien huilée et chacune y trouverait sa place… s’il ne restait quelques ombres aux tableaux : « Je déplore que certaines fiduciaires ne veuillent plus se mouiller et de fait, pour se déresponsabiliser de toutes conséquences exigent la signature de déchar­ges », dit Claude Wagner. Il constate cette même tendance dans le milieu du conseil fiscal notamment. « Le fisc luxembourgeois tend à serrer les vis en ce moment et applique de manière plus stricte les textes de loi. En conséquence, certaines fiduciaires se cachent derrière ce changement d’attitude. Elles l’invoquent pour mettre en doute l’interprétation qu’elles ont donnée à une réglementation. » Un peu plus de déontologie pourrait contribuer à apporter une plus-value aux travaux des fiduciaires, « ce qui éviterait aussi des faillites de type Socimmo », avance Claude Wagner.