Pour Duncan Roberts, rédacteur en chef de Delano, le lancement récent de nouveaux sites anglophones répond à la fois à une demande et à la volonté des groupes de presse de renforcer leur poids. (Photo: Maison Moderne)

Pour Duncan Roberts, rédacteur en chef de Delano, le lancement récent de nouveaux sites anglophones répond à la fois à une demande et à la volonté des groupes de presse de renforcer leur poids. (Photo: Maison Moderne)

Monsieur Roberts, les sites anglophones existent depuis plusieurs années au Luxembourg, mais ces dernières semaines, deux nouveaux sites – LuxTimes du groupe Saint-Paul et RTL Today de RTL - ont vu le jour. Comment expliquez-vous ce phénomène?

«Il faut d’abord prendre conscience que la communauté anglophone au Luxembourg croît. Cela se constate particulièrement depuis une dizaine d’années, principalement suite à l’arrivée de personnes issues d’Europe de l’Est qui préfèrent souvent parler anglais qu’allemand ou français comme seconde langue. Ce qui signifie donc qu’il y a un marché, même si cela fait effectivement des années que des médias anglophones existent. Que ce soit la déclinaison du Luxemburger Wort en anglais en ligne depuis 2011 ou des magazines tels que 352, même si celui-ci a fait faillite en 2008.

Et pourquoi maintenant précisément? Un changement est-il survenu ou est-il annoncé sur ce marché pour justifier ces investissements de la part de groupes de presse?

«Le Brexit n’est clairement pas la raison de cette situation… Il faut aussi voir que RTL possède une déclinaison en français avec son 5Minutes et que le Wort possède depuis des années des versions française et portugaise. C’est donc une évolution logique vers la troisième langue du pays, derrière le luxembourgeois et le français, pour atteindre une nouvelle cible et donner un aspect plus international à leur contenu. On le voit notamment avec LuxTimes qui a des accords avec Bloomberg et le Financial Times, ce qui renforce leur poids.

La concurrence est toujours une bonne chose!

Duncan Roberts, rédacteur en chef de Delano

RTL Today, à la différence de LuxTimes qui est rédigé par sept journalistes à temps plein, a recours à des free-lances et deux permanents pour alimenter son site. Est-ce un modèle viable dans le contexte de refonte du système d’aide à la presse?

«Delano a débuté en 2011 de la même manière. Cela permet notamment de tester le marché. Pour l’instant, le contenu de RTL Today apparaît comme des traductions du contenu présent sur la version luxembourgeoise et non comme des sujets originaux, ce qui prend du temps. Pour parvenir à cet objectif, il faut de l’expérience et de ce point de vue, la rédaction de Delano est celle qui en possède le plus. Je suis journaliste au Luxembourg depuis 20 ans, et le reste de l’équipe y est présente depuis plus de 7 ans.

Et qu’en est-il de Delano face à cette concurrence renforcée?

«La concurrence est toujours une bonne chose! Delano est parti d’une très petite équipe et nous l’avons doublée en 2017. Nous portons désormais nos efforts sur le site internet, tout en maintenant nos standards de qualité sur la version print. Pour le web, nous sommes désormais plus orientés business, mais nous n’oublions pas que nous nous adressons à une communauté qui n’a pas qu’un seul centre d’intérêt. C’est la raison pour laquelle nous traitons de culture, de lifestyle et de la politique luxembourgeoise, notamment en ce qui concerne les réfugiés et leur intégration ou la question des transports en commun ou bien encore tout ce qui a attrait à l’immobilier qui est un sujet extrêmement important pour nos lecteurs.»