Le satellite GovSat-1 est sorti des ateliers d’Orbital ATK, société américaine non grata pour les investissements du Fonds de compensation. (Photo: LuxGovSat)

Le satellite GovSat-1 est sorti des ateliers d’Orbital ATK, société américaine non grata pour les investissements du Fonds de compensation. (Photo: LuxGovSat)

Les contradictions de la politique gouvernementale sont pointées par un article du Luxemburger Wort. Le Fonds de compensation (FDC) tient en effet une liste à jour des sociétés dans lesquelles il s’interdit de placer l’argent des pensions luxembourgeoises pour des raisons éthiques liées à l’environnement, à la participation à un programme d’armes nucléaires ou encore à la violation des droits de l’homme et des travailleurs.

Mais cette liste noire, sur laquelle figurent Volkswagen, Glencore ou encore Lockheed Martin, n’en est pas une pour le gouvernement. Preuve en est l’implication de la société Orbital ATK, inscrite sur la liste du FDC pour ses activités dans le domaine de l’armement nucléaire pour le compte de l’armée américaine. Elle participe notamment au Consolidated Nuclear Security, qui opère deux centres logistiques dépendant de l’Administration nationale de la sûreté nucléaire.

La Norvège ne fait pas mieux

LuxGovSat, coentreprise constituée par l’État luxembourgeois et SES, a ainsi confié la production de son satellite GovSat à la société américaine. Laquelle doit être rachetée dans les prochains mois par un autre indésirable du FDC, à savoir Northrop Grumman Corp, conglomérat actif dans le secteur de la défense, lui aussi épinglé pour ses liens avec l’industrie de l’armement nucléaires. Et ce n’est autre que le fabricant des cinq drones acquis par l’Otan depuis 2015 dans le cadre du programme de capacité alliée de surveillance terrestre (AGS), cofinancé par 15 pays, dont le Luxembourg.

Le satellite GovSat-1 est arrivé à Cap Canaveral le 11 janvier dernier pour un lancement prévu à la fin du mois. (Photo: LuxGovSat)

Ironie de l’histoire, la Norvège figure également parmi ces 15 financeurs, alors que son propre fonds de pension, qui a dépassé les 1.000 milliards de dollars d’actifs sous gestion en septembre dernier, a banni Orbital ATK de ses investissements pour des raisons éthiques.

Décidée en juillet 2014 et concrétisée en février 2015 via la création de LuxGovSat, la mise en service du premier satellite militaire luxembourgeois est imminente avec un lancement opéré par SpaceX depuis son site de Cap Canaveral (Floride) le 30 janvier prochain. L’engin doit non seulement permettre de répondre au renforcement des engagements financiers du pays envers l’Otan, mais aussi de bénéficier d’une nouvelle niche: celle de la sous-location de capacité satellitaire.