D’ici ce soir, le gouvernement d’Alexis Tsipras doit formuler des propositions pour sortir son pays de la crise et honorer ses créanciers, selon l’agenda défini lors du sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne mardi soir. Avec réception à Bruxelles d’ici demain 8h30 dernier délai. 

À quelques heures de cette échéance fatidique, une déclaration de la directrice du Fonds monétaire international, l’un des trois créanciers de la Grèce avec la Banque centrale européenne et le Mécanisme européen de stabilité, ne passe pas inaperçue.

Souvent considérée comme tabou, la restructuration de la dette grecque est désormais clairement évoquée par Christine Lagarde qui s’exprimait hier lors d’une conférence à Washington.

Hier, au Parlement européen, le Premier ministre grec Alexis Tsipras est venu défendre sa cause, affirmant tout d’abord que des propositions de réforme avaient déjà émané de sa part, contrairement à ce que les dirigeants européens laissaient entendre. 

«Les propositions incluent un engagement fort pour atteindre les objectifs budgétaires. Pourtant, nous avons un droit souverain de décider d'augmenter l'imposition sur les entreprises à but lucratif, et non sur les retraites» a-t-il ajouté.

Et de rappeler que l'Allemagne avait bénéficié après les deux guerres mondiales d’une solidarité européenne, en l’occurrence d’un effacement de sa dette à hauteur de 60% en 1953.

C'était une erreur de quitter la table des négociations.

Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne

«Si nous ne les avions pas suspendues, nous serions parvenus à un accord», a ajouté Jean-Claude Juncker, renvoyant la responsabilité politique de la situation actuelle à Alexis Tsipras qui avait suspendu les discussions en attendant le résultat du référendum. 

Du concret, s’il vous plaît

Si le Premier ministre grec a reconnu en filigrane la nécessité de trouver une solution acceptable pour tous, il s’est employé à dénoncer le format des négociations, à savoir un dialogue entre son pays et la «troïka: la  Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international (FMI). Selon Alexis Tsipras, une solution aurait été trouvée plus rapidement si la discussion s’était limitée à la Commission européenne.

Vous parlez de réformes, mais on ne voit jamais de propositions concrètes.

Guy Verhofstadt, député européen, ALDE

Parmi les réactions les plus offensives et vives à la situation actuelle, on notera le discours emporté de l’ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt qui a sommé Alexis Tsipras d’entrer dans le concret: «Vous parlez de réformes, mais on ne voit jamais de propositions concrètes.» 

«Ce n'est pas vous ni nous qui allons payer la facture. Ce sont les citoyens grecs ordinaires qui payeront la facture d'un Grexit», a ajouté Guy Verhofstadt.

Alexis Tsipras dispose encore de quelques heures pour faire en sorte que cette facture soit payée le plus équitablement possible.