CEO depuis 2010, Stéphane Ries prépare activement Luxtrust à sortir de son marché domestique. (Photo: Jessica Theis)

CEO depuis 2010, Stéphane Ries prépare activement Luxtrust à sortir de son marché domestique. (Photo: Jessica Theis)

L’aventure Luxtrust démarre au tournant des années 2000, suite à l’union des pouvoirs publics et de grandes banques de la Place au sein d’un GIE destiné à créer un système d’authentification à clés publiques. «La société a fait ses débuts officiels en 2005, avec deux personnes installées à la Chambre de commerce, se remémore Stéphane Ries, administrateur pionnier et CEO depuis mai 2010. Un consortium autour de Clearstream, Cetrel, Hitech et ebrc, a ensuite donné vie à l’infrastructure.» Le premier certificat a été délivré en 2006 et, dès 2007, la nouvelle signature électronique a été utilisée. Depuis, la prolifération des tentatives de phishings, virus et autres trolls, n’a fait que renforcer les questions sur la sécurité en ligne.

Luxtrust a gardé le même cœur de métier: protéger l’identité digitale et la sûreté des données des détenteurs de certificats éponymes. «Notre but premier reste la mise en œuvre de la signature électronique à valeur probante.» Les technologies ont atteint leur maturité dans les années 2000. «L’évolution la plus marquante concerne la mobilité. Le citoyen et le consommateur réclament un système simple fonctionnant sur tablette ou smartphone. Les exigences de nos clients évoluent en permanence, il faut s’y adapter.»

Le développement de la société a connu plusieurs jalons. En 2009, elle était accréditée sur base des standards Etsi, promesse d’activités à l’étranger. Au printemps 2010, l’équipe emménageait dans le bâtiment Ivy à Capellen. «L’année 2013 est à marquer d’une pierre blanche, poursuit Stéphane Ries. Notre premier exercice bénéficiaire! L’année suivante, nous avions plus de 1,7 million d’euros de bénéfice.» Autre tournant, depuis le 1er juillet 2014, Luxtrust fournit les certificats pour les cartes d’identité luxembourgeoises. «Si on regarde dans le rétroviseur, l’évolution la plus notable, selon moi, est la prise de conscience croissante de la valeur de la signature électronique.»

Le ratio de clients repose à présent sur 60% de transactions bancaires mais la tendance pourrait prochainement s’inverser: «Avec le dossier patient et la mouvance de l’e-santé, nous allons gagner des milliers de clients d’ici moins d’un an. Notre infrastructure est déjà prête pour absorber cette demande.»

Après avoir longtemps fonctionné avec de nombreux sous-traitants, Luxtrust dispose à présent d’une quarantaine de collaborateurs. Elle rend toujours des comptes à une dizaine d’actionnaires, dont l’État luxembourgeois, la SNCI ou la Chambre de commerce. «Au fil de la croissance, il a fallu construire tous les services standards d’une entreprise classique. Un comité de direction a été mis en place, rapidement rejoint par des services administratifs, financiers et commerciaux. L’IT de production est toujours sous-traitée, mais notre équipe de spécialistes en cybersécurité est purement interne et a été récemment étoffée.»

Pour faire face à une concurrence de plus en plus rude, en particulier depuis l’arrivée du règlement européen eIDAS qui ouvre le marché, Luxtrust va élargir son équipe et minutieusement planifier sa croissance internationale. «Il aura fallu 10 ans, mais nous sommes parvenus à équiper une grande partie des résidents et frontaliers du Grand-Duché. Il reste encore des entreprises à conquérir sur le territoire national, mais le moment est venu de regarder au-delà. La première chose à faire est de trouver les bons partenaires. Nous ne pourrons pas être partout. Nous sommes en train de constituer un réseau solide.»

Si un accord a été signé pour un projet au Sénégal il y a quelques mois, la priorité va aux pays européens dotés d’un marché bancaire mature. Plusieurs prospects devraient être ferrés d’ici la fin de l’année. «Dans notre activité, le plus grand challenge sera toujours d’équilibrer facilité d’utilisation pour les utilisateurs finaux et excellent niveau de sécurité. Si nous continuons à y parvenir, nous serons bien armés pour le futur», achève Stéphane Ries.