Sur les 469.000 résidents que comptait le Luxembourg en 2015, 98.490 étaient des fumeurs. Soit l’équivalent de 21% de la population ou d’un résident de plus de 15 ans sur cinq, selon les chiffres de l’étude annuelle de la Fondation cancer, publiés mardi. Une valeur identique à celle observée depuis 2013, mais qui reste inférieure à celle observée au cours des dix dernières années puisqu’en 2006, un quart de la population résidente indiquait être consommateur régulier de tabac. En 2015, 15% des fumeurs s’adonnaient à leur pratique quotidiennement.

Cette stabilisation du pourcentage de fumeurs dans la population n’est pas vraiment du goût de la Fondation cancer qui plaide pour une diminution effective du nombre d’adeptes de la cigarette. Et ce, malgré «une amélioration des services de sevrage tabagique», note Lucienne Thommes, directrice de l’institution. Cette dernière plaide donc pour une solution plus radicale: «Il est temps d’envisager une augmentation conséquente des prix des produits du tabac au Luxembourg, c’est le moyen le plus efficace pour réduire à long terme la consommation de tabac.»

Des 15-24 ans adeptes de la shisha

Une requête qui pourrait prendre la forme d’un vœu pieux dans un pays où le paquet de cigarettes est vendu en moyenne 20% moins cher que ses voisins et dont les ventes rapportent quelque 600 millions d’euros annuels. L’importance du produit est donc telle pour les recettes de l’État que Pierre Gramegna (DP), ministre des Finances, avait abaissé, en 2014, les accises sur le tabac pour compenser la hausse de la TVA intervenue au 1er janvier 2015. Une mesure qui a permis au Grand-Duché de conserver son différentiel par rapport à l’Allemagne, la Belgique et la France.

Outre le fait que les hommes fument toujours plus que les femmes, que les 25-34 ans restent la catégorie la plus touchée par le phénomène et que la moitié des fumeurs souhaite arrêter, la Fondation cancer a noté un changement dans les comportements. Celui de l’importance prise peu à peu par la shisha, particulièrement auprès des plus jeunes. Quelque 23.450 personnes, en 2015, ont consommé du tabac via une pipe à eau, soit l’équivalent de 5% de la population.

Un chiffre nettement plus important chez les 15-24 ans, où un quart d’entre eux (24%) fument de cette manière et qui pousse la Fondation cancer à considérer cette pratique comme «une forme de consommation courante du tabac».

À l’inverse, l’e-cigarette «reste un phénomène assez marginal», avec quelque 5.000 adeptes recensés. D’autant plus que huit consommateurs sur dix (83%) continuent de fumer des cigarettes en parallèle de cette pratique. Ce qui explique la décision d'interdire l'e-cigarette des lieux publics - bars, restaurants, aires de jeux -, au même titre que la cigarette. À noter que les dirigeants européens envisagent de taxer l'e-cigarette au même titre que son homologue, dont les ventes pourraientt atteindre 45 milliards d'euros d'ici à 2025 sur l'ensemble du continent. Selon le ministère de la Santé, environ 1.000 personnes sont mortes en 2015 des suites directes ou indirectes du tabagisme.