Camille Gira et Bernard Lahure sur la même longueur d'onde pour développer la Grande Région avec des projets durables. (Photo: DR)

Camille Gira et Bernard Lahure sur la même longueur d'onde pour développer la Grande Région avec des projets durables. (Photo: DR)

Agriculteur installé en Meurthe-et-Moselle, Bernard Lahure est aussi le chef d’orchestre d’un ambitieux projet transfrontalier qui vise à développer des filières en circuit court au niveau des écomatériaux et de l’écoconstruction. Il y a trois ans, il a monté le projet européen EcoTransFaire, sous la forme d’un GEIE, pour mettre en place des structures au niveau de la Grande Région, et plus particulièrement de la Meurthe-et-Moselle en France, du sud de la province de Luxembourg en Belgique et du Grand-Duché.

Le but est ambitieux. Il vise à la fois à créer des filières de production et de vente et à faire travailler les acteurs en grappe pour obtenir de meilleurs résultats. «Notre souci est de soutenir la valeur ajoutée locale», explique Bernard Lahure, gérant d’EcoTransFaire. «Mais pour y parvenir, il fallait d’abord faire en sorte que les acteurs se parlent.»

Un projet global

Après la mise en place de ces grappes, l’association s’est encore donné pour mission d’encourager la demande de ces matériaux auprès des commanditaires (architectes, collectivités, particuliers), qui ne savent pas toujours que de telles filières existent, et elle organise des formations aux métiers en lien avec ces filières pour créer de l’emploi en Grande Région.

«Certaines entreprises sont déjà actives dans ces domaines, mais leurs activités ne décollent pas simplement parce que les architectes ne sont pas au courant de l’existence de leurs produits», explique encore le responsable d’EcoTransFaire.

Notre souci est de soutenir la valeur ajoutée locale.

Bernard Lahure, gérant d’EcoTransFaire

Lorsqu’il se met en tête de créer une filière dans l’écoconstruction, Bernard Lahure se lance à la recherche de partenaires pour soutenir son projet. Une opération qui prendra deux ans mais, en 2012, il en réunit 12, issus des trois régions (le List, le Forum pour l'Emploi, la commune de Beckerich et Hopcom Community au niveau grand-ducal), qui financent partiellement ses activités.

Une partie du budget a aussi été apportée par le programme européen Interreg IV Grande Région et des cofinancements publics des trois pays (le ministère du Développement durable et des Infrastructures au Luxembourg, la Région wallonne, l’État français et la région Lorraine). «Nous soutenons ce projet qui peut vraiment être qualifié de durable dans la mesure où il travaille réellement sur les trois piliers de base: l’environnement, l’économie et le social», a commenté vendredi dernier Camille Gira, secrétaire d’État au Développement durable et aux Infrastructures, face au responsable d’EcoTransFaire venu à Luxembourg tirer un premier bilan.

Des métiers à retrouver

Après diverses recherches et enquêtes menées auprès des professionnels du secteur de la construction en collaboration avec les universités de la Grande Région (Université de Liège, Institut universitaire de technologie Henri Poincaré de Longwy et List - Luxembourg Institute of Science and Technology), huit filières d’écomatériaux ont été retenues: l’argile expansée, le chanvre, les copeaux de bois, la ouate de cellulose, la paille, les panneaux de liège, la perlite expansée et le verre cellulaire.

Les chercheurs du List luxembourgeois ont aussi identifié les métiers en lien avec ces filières et ceux en pénurie comme les plâtriers et les itéistes (isolation thermique par l’extérieur). «Tous les cahiers des charges sont en place pour les formations», explique Bernard Lahure. «Les premières (formations à l’étanchéité de l’air) ont eu lieu, tout récemment, à l’Institut sectoriel de formation du bâtiment à Luxembourg.»

L’association transfrontalière est aussi dans l’attente des budgets alloués dans le cadre du futur programme européen Interreg V mais poursuit le travail d’intégration des acteurs sans relâchement.