Trois audiences sont prévues jusqu’à mercredi devant la 18e chambre du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. (Photo: Maison moderne / archives)

Trois audiences sont prévues jusqu’à mercredi devant la 18e chambre du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. (Photo: Maison moderne / archives)

L’affaire avait défrayé la chronique en mars 2015: trois enseignantes du Lycée classique d’Echternach avaient été accusées d’avoir orchestré la fuite des épreuves communes du cycle 4.2, des épreuves décisives pour l’orientation des élèves vers l’enseignement secondaire. Natacha F. et Danielle H., professeures de français, et Tatiana K., professeure d’allemand, sont soupçonnées d’avoir retranscrit les exercices audio d’écoute et reproduit les questionnaires ainsi que les corrigés. L’époux de Mme Hoffelt, Christian S., comparaît également.

Six mois après les faits, les trois enseignantes de langues avaient été suspendues de l’exercice de leurs fonctions, avec six mois de retenue de salaire pour l’une et un mois pour les deux autres. Une quatrième enseignante, qui a bénéficié d’un non-lieu, a reçu une simple réprimande.

Des boucs émissaires tout trouvés

Programmé en septembre dernier, le procès avait finalement été ajourné après deux audiences largement consacrées aux vices de procédure soulevés par les avocats de la défense – notamment l’interrogatoire pas tout à fait orthodoxe de l’un des prévenus, tout comme certaines incongruités dont la non-citation des enquêteurs de la police judiciaire par le ministère public. La défense réclamait surtout la présence du ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch.

Car le fond de l’affaire est bien plus complexe qu’il ne le paraît. Les interventions de la défense lors des premières audiences laissent entrevoir que les enseignantes ne seraient que les boucs émissaires dans une affaire de dysfonctionnements massifs au sein du ministère de l’Éducation nationale, avec des fuites qui semblent avoir commencé avant même que les enseignantes n’aient accès aux sujets et des épreuves additionnelles qui ne sont pas organisées dans toutes les matières sujettes à fuites.

Des répercussions politiques

Lors de son audition en septembre, l’enquêteur cité par la défense avait ainsi affirmé que les épreuves avaient été envoyées aux membres du conseil d’orientation – 236 personnes –, mais qu’au final, plus de 800 personnes avaient eu les documents entre les mains. C’est tout le système d’envoi des épreuves, plusieurs jours avant la tenue de l’examen à proprement parler, et leur mise à la disposition des professeurs sans précaution de confidentialité qui posent question.

L’incident – qui avait provoqué l’organisation de nouvelles épreuves pour 5.000 élèves - avait conduit à une refonte en profondeur du système de conservation et de distribution des épreuves, auxquelles les enseignants de cycle 4 n’ont désormais plus accès. Il avait surtout donné lieu à une passe d’armes virulente entre le ministre Claude Meisch et le CSV, le ministre soupçonnant ouvertement les députés Martine Hansen et Félix Eischen d’avoir eu vent des fuites bien avant le ministère et de ne pas les avoir dénoncées.