Le panel de la table ronde et les deux modérateurs de l'équipe de Paperjam, Jean-Michel Gaudron et Alain Ducat (Photo: Maison Moderne Studio)

Le panel de la table ronde et les deux modérateurs de l'équipe de Paperjam, Jean-Michel Gaudron et Alain Ducat (Photo: Maison Moderne Studio)

Reçus dans les installations de Crystal Park, le siège de PwC Luxembourg au Ban de Gasperich, les convives de Paperjam ont été transportés tour à tour dans le Luxembourg de 2000, dans celui de 2015 puis dans l’hypothétique Grand-Duché de 2030.

«Avant, après», c’est en quelque sorte le thème qui a servi de fil rouge pour célébrer les 15 ans du premier magazine économique et financier du pays, aux côtés de quelque 400 invités. «Le monde sera amené à changer, il est important que nous maintenions une collégialité au Luxembourg, a déclaré John Parkhouse qui prendra le relais de Didier Mouget le 1er juillet prochain en tant que managing partner de PwC Luxembourg.

Cet esprit collégial, cette promotion d’un pays aux nombreuses caractéristiques uniques lors de visites à l’étranger ont été désignés comme l’un des facteurs-clés permettant d’attirer de nouvelles activités au Luxembourg.

Du Far West à la new economy

Paperjam avait en effet convié quatre personnalités du monde économique pour une table ronde modérée par Jean-Michel Gaudron, rédacteur en chef de Paperjam, et Alain Ducat, secrétaire de rédaction de Paperjam.

Les invités de cette soirée spéciale sont des gens du métier, des lecteurs, mais aussi des intervenants fidèles au magazine: Marie-Jeanne Chèvremont, ancienne managing partner de PwC et désormais administratrice indépendante; Nicolas Buck, CEO de Seqvoia et président de Business Initiative; Bob Kneip, fondateur et CEO de Kneip, ainsi que Jean-Claude Bintz, CEO de Lakhouse et président du conseil d’administration de Maison Moderne. 

Tout était possible, c’était une période excitante et moins compliquée.

Nicolas Buck, se souvenant de l'an 2000

Pour savoir où l’on veut aller, il faut savoir d’où l’on vient, pour risquer une sorte de paraphrase de la devise nationale. Et les quatre orateurs ont volontiers remonté le fil du temps, jusqu'à l’an 2000 qui rimait avec l’arrivée de la nouvelle économie générée par internet. Bulle pour certains, elle est aussi arrivée au même moment qu’une nouvelle vague pour l’industrie des fonds luxembourgeois.

«Tout était possible et nous sentions que l’industrie allait se structurer, c’était une période excitante et moins compliquée», a déclaré Nicolas Buck qui œuvrait à l’époque dans l’imprimerie familiale Victor Buck, devenue par la suite VBS pour répondre aux besoins du marché des fonds. Une mutation qui a été similaire au fil des années pour Kneip, l’entreprise de Bob Kneip fondée en 1993, passant de plus en plus sur un mode digital.

«Dans les télécoms, tout le monde achetait tout le monde, c’était le changement tous les jours,  c’était en quelque sorte le Far West», se souvient Jean-Claude Bintz qui était à l’époque chez Télé2, a lancé Tango... 

Un modèle unique au monde

Une époque de pionniers qui a été suivie par une vague de consolidation de la Place, de diversification de l’économie, soutenues par la réglementation ad hoc et une volonté politique.

Beaucoup de pays nous envient, nous faisons encore des jaloux.

Marie-Jeanne Chèvremont, au sujet de l'évolution de la Place

«La Place s’est professionnalisée et il ne faut pas oublier que beaucoup de pays nous envient, nous faisons encore des jaloux», indique Marie-Jeanne Chèvremont. «À cette professionnalisation, on a ajouté une autre gouvernance, devenue de plus en plus importante», prolonge Jean-Claude Bintz.

Si tous s’accordent autour d’un potentiel qui demeure important, tous partagent aussi le souhait de diffuser l’esprit d’entreprendre au sein de la population pour oser et créer de nouvelles activités.

ll nous faut avant tout des personnes et des idées.

Jean-Claude Bintz, à propos de l'esprit d'entreprise

«Il existe aujourd’hui de nombreuses possibilités pour donner un coup de main aux entrepreneurs. Je crois qu’il nous faut avant tout des personnes et des idées. Et encore plus de personnes qui ont le courage d’oser l’entrepreneuriat», ajoute Jean-Claude Bintz.

«Ne louez pas votre cervelle à quelqu’un d’autre», lance Nicolas Buck, fervent défenseur de l’entrepreneuriat.

Car l’arrivée de nouvelles activités doit permettre, souligne Nicolas Buck, de maintenir un niveau élevé de recettes fiscales qui sont ensuite utilisées généreusement. «Nous devons faire attention, car nous boxons hors catégorie. Un pays comme le Luxembourg qui est capable de générer et de redonner autant de recettes fiscales n’existe nulle part ailleurs. Pourvu que ça dure.»

Déficit à combler

L’un des maillons de la pérennité de ce système sera sans nul doute la cohésion d’une société toujours plus multiculturelle. La discussion de mercredi soir a – naturellement – abordé le sujet du référendum et le rejet plutôt massif du droit de vote des étrangers.

«Je suis très déçu, c’est un mauvais signal pour le vivre ensemble alors que nous devons prendre des décisions ensemble», ajoute Jean-Claude Bintz.

Il y a clairement un malaise de représentativité.

Bob Kneip, au sujet du résultat du référendum

Volontairement engagé pour le (3x) oui, Paperjam n’entend pas remiser ce débat, le référendum ayant au moins eu «le mérite de le lancer», souligne Marie-Jeanne Chèvremont. «Il faut recréer un équilibre», estime Bob Kneip. «Nous devons aussi mener une réflexion sur l’école, car si la venue d’experts étrangers a été facilitée par des écoles internationales, je me demande s’il ne serait pas plus profitable d’intégrer les enfants d’étrangers dans le cursus normal», indique encore Marie-Jeanne Chèvremont.

En évoquant notamment l’importance de laisser un environnement viable aux générations futures ou le défi que représentent les flux transfrontaliers, le panel s’est aussi essayé à un exercice de projection dans l’avenir. Sans boule de Crystal, mais avec quelques indices.

Et d’imaginer une grande capitale internationale qui trouverait sa place – légitime – dans une Grande Région toujours plus intégrée.