Luc Maquil (CEO de Kyctech, à gauche) en discussion avec Marc Stevens (CEO de OneLife, à droite). (Photo: Sébastien Goossens)

Luc Maquil (CEO de Kyctech, à gauche) en discussion avec Marc Stevens (CEO de OneLife, à droite). (Photo: Sébastien Goossens)

M. Stevens, pouvez-vous nous en dire plus sur votre collaboration avec Kyctech?

Marc Stevens: «Chez OneLife, on travaille depuis deux ans sur la digitalisation de notre activité. Et on se demande quelles sont les parties dans la gestion des contrats que l’on peut automatiser avec un impact positif sur nos services.

L’année passée, nous avons lancé une application mobile avec la start-up Ainos. Cette année, nous avons commencé à travailler avec Kyctech sur les regtech (regulatory technologies, ndlr), plus particulièrement tout ce qui concerne la compliance, les risques et la procédure de sélection de nos clients.

Pourquoi avoir voulu travailler avec une start-up?

M.S.: «Parce que la méthodologie et la façon de travailler de ces petites structures sont beaucoup plus rapides et interactives. Nous partageons le même objectif: développer au plus vite des solutions.

Depuis deux ans, nous avons amorcé de vrais changements dans notre fonctionnement interne, notamment dans le management de projet. Et il ne s’agit pas seulement de digitalisation, mais aussi d’un changement de culture organisationnelle. Nous sommes plus agiles.

L’année dernière, nous avons lancé 10 nouveaux produits. Je travaille depuis 25 ans dans ce secteur et je peux vous dire que je n’ai jamais vu ça. Nous travaillons en petits groupes, nous avançons très vite.

Pour une start-up comme Kyctech, quelles sont les opportunités dans le secteur de l’assurance?

Luc Maquil: «Il est important de mentionner que cette industrie est sous la pression constante du régulateur. En automatisant certaines tâches très répétitives, vous libérez donc du temps pour surmonter la vague des réglementations.

D’un autre côté, le régulateur encourage l’innovation car il en a besoin pour remplir son rôle de manière plus détaillée. Il définit le cadre, et le dialogue avec les regtech est constant.

Quels sont les autres maillons de la chaîne, dans le secteur de l’assurance, qui peuvent encore être digitalisés?

L.M.: «Il est difficile de cerner un espace bien précis. Classiquement, cela commence avec le back-office, mais nous pouvons aussi penser que la relation avec les clients sera concernée dans l’avenir.

Le secteur de l’assurance sera-t-il complètement digital un jour?

M.S.: «Je me rappelle très bien qu’il y a 25 ans, nous parlions de ‘clicks or bricks’, en nous demandant si la gestion du secteur financier deviendrait entièrement digitale ou ne le serait pas du tout. Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir s’il faut choisir entre fintech ou regtech et les humains, mais plutôt comment ces deux approches peuvent être complémentaires.

La digitalisation d’une partie de vos activités a-t-elle été pensée dans une optique de toucher une nouvelle clientèle, ou d’améliorer vos services envers votre clientèle existante?

M.S.: «Les deux. Le lancement de notre application, par exemple, a eu un impact positif du côté de nos clients existants, tout en nous offrant un avantage compétitif pour en attirer de nouveaux.

Mais cela ne veut pas dire qu’il faut tout miser sur le digital aux dépens de l’humain. Les deux doivent être interchangeables pour la simple raison que certains clients préfèreront toujours le contact humain. Un modèle hybride d’interactivité doit donc rester la règle.

N’avez-vous pas peur de confier des données de vos clients à des start-up?

M.S.: «Non, car il y a des règles du jeu à respecter qui sont bien définies dans notre contrat de collaboration. Par ailleurs, en collaborant avec Kyctech, nous savions que nous avions affaire à des professionnels qui connaissent bien le secteur de l’assurance, même s’il s’agit d’une start-up.

OneLife est pionnière en termes de digitalisation sur le marché de l’assurance-vie. Comment se situe le reste du secteur?

L.M.: «Il y a eu beaucoup de marketing fait par le gouvernement sur les fintech et les regtech. Le sujet est donc connu par tous les acteurs. Beaucoup ont compris qu’il fallait faire le pas, mais ne savent pas trop comment s’y prendre.

Certains font de grands projets car ils voient la digitalisation comme un changement radical. D’autres, comme OneLife, procèdent petit à petit. On ne peut pas dire qu’il existe une seule bonne méthode. Nous pensons chez Kyctech qu’avancer par petites étapes est plus adapté au contexte actuel.

En 2015, NPG Wealth Management, qui est devenue OneLife, a licencié une cinquantaine d’employés en vue d’un plan de restructuration. Était-ce lié à la digitalisation de l’entreprise?

M.S.: «Non, il s’agissait d’une réorganisation interne en vue de notre rebranding. Avec la digitalisation, nous allons plutôt avoir besoin de plus de personnes, mais avec des profils à plus haute valeur ajoutée. Car les nouvelles technologies nous permettent aussi d’atteindre de nouvelles cibles. Nous devons donc être prêts pour les recevoir.»