Un jour nouveau se lève sur la City. La Place luxembourgeoise a tout intérêt à ce qu’elle ne reste pas dans la pénombre.  (Photo: licence cc )

Un jour nouveau se lève sur la City. La Place luxembourgeoise a tout intérêt à ce qu’elle ne reste pas dans la pénombre.  (Photo: licence cc )

«Nous sommes préparés depuis longtemps», indiquait récemment le Premier ministre à Paperjam.lu au sujet du Brexit. Une sortie du Royaume-Uni désormais actée qui ne sera pas sans conséquence sur le plan économique, sans pour autant savoir si le pays de Sa Majesté en ressortira gagnant en jouant la carte d’une flexibilité avantageuse ou si les places financières européennes (Francfort, Paris et Luxembourg en tête) pourront glaner de nouveaux acteurs, échaudés par une City en dehors de l’UE.

Les hypothèses vont bon train au cœur de l’été. Et les initiatives de prospection aussi. Car, quelle que soit la configuration après les prochaines négociations entre les 28 quant aux modalités de sortie de l’UE du Royaume-Uni, celui-ci aura forcément besoin de garder un pied dans l’Union. Ne fut-ce que pour sécuriser l’important secteur des fonds d’investissement qui a besoin du passeport européen pour opérer sur ce marché.

C’est donc dans un contexte dominé par les incertitudes et les hypothèses que s’ouvre ce lundi une visite de travail luxembourgeoise à Londres, emmenée par le vice-Premier ministre Étienne Schneider, avec le ministre des Finances Pierre Gramegna. De lundi à mercredi, des rencontres sont programmées avec différents acteurs, à Londres et à Bristol, dont un dîner aux côtés de différents CEO afin de leur vendre le package luxembourgeois.

Le Brexit serait un «bénéfice à court terme» pour la Place, indiquait récemment Pierre Gramegna sur Bloomberg. Il y a certainement toutefois des opportunités à saisir. En misant sur le succès de la vague fintech des derniers mois, il ne serait pas illusoire de voir quelques start-up s’intéresser à la localisation luxembourgeoise. Les ministres visiteront ainsi l’incubateur Level 39, souvent cité comme le cœur des fintech en Europe. 

Les locaux de l’ambassade luxembourgeoise à Londres accueilleront des parties prenantes dans l’ICT pour un séminaire intitulé «Luxembourg ICT solutions for your business», qui est organisé par le Luxembourg ICT Cluster.

Nation branding

Chaque ministre effectuera également des rencontres propres. Pierre Gramegna sera reçu par son homologue David Gauke, ministre du Trésor. 

Étienne Schneider signera quant à lui un protocole d’accord (MoU) à Bristol. Celui-ci portera sur une coopération scientifique entre le National Composite Centre britannique et le Centre de compétences national pour matériaux composites du Luxembourg Institute of Science and Technology (List). 

En marge de ces rencontres, un programme média est prévu pour chaque ministre. L’occasion de replacer le Luxembourg sur une carte européenne mouvante et de livrer un point de vue gouvernemental sur des questions aussi fiscales que spatiales. 

«Notre message consiste à dire que nous voulons aider. Notre pays offre des solutions intelligentes pour disposer d’une présence avec une substance afin d’atteindre le marché européen», indiquait Pierre Gramegna le 21 juillet au Wall Street Journal.

Partisan d’une approche «low profile» comme on le dirait outre-Manche, le Luxembourg, via son gouvernement, se positionne donc comme partenaire des acteurs britanniques qui ont pour beaucoup des liens avec la Place luxembourgeoise. L’essor de celle-ci dépend aussi de la pérennité de la City. 

Reste à savoir si les acteurs londoniens qui établiront une structure au Luxembourg apporteront une véritable substance. Le marché de l’immobilier de bureaux pourrait absorber quelque 15.000 nouveaux travailleurs, estimait récemment Inowai