Pierre Kihn (Office Freylinger) (Photo: Olivier Minaire)

Pierre Kihn (Office Freylinger) (Photo: Olivier Minaire)

La propriété intellectuelle est un bien précieux qui doit être utilisé de manière active par les entreprises, à leur plus grand profit.

J’innove, tu innoves, il innove, nous innovons, vous innovez, ils innovent. Les entreprises ont appris depuis des décennies à conjuguer la recherche et l’innovation au présent de l’indicatif.
Ce que les entreprises ont également compris, c’est la nécessité de plus en plus impérieuse de protéger leur propriété intellectuelle, en déposant marques, brevets, dessins ou modèles. Cette démarche est la seule pertinente pour accompagner l’innovation: c’est par la protection du résultat de ses investissements en R&D, ou en marketing, que passe le retour sur investissement des dépenses induites.

Les temps de crise rendent paradoxalement cette obligation encore plus forte, et plus rentable… Ce modèle – dépenser plus pour gagner plus – est lié aux avantages concurrentiels que la propriété intellectuelle confère. C’est par cette propriété qu’une situation peut être construite, maintenue et protégée de concurrents ayant, eux, bien compris et maîtrisé les outils de l’intelligence économique. En effet, au-delà des modes, les modèles stratégiques de domination d’un marché par les coûts ou par la différenciation restent des modèles de référence.

Cependant, les moyens nécessaires à la mise en œuvre de ces stratégies ont, eux, évolué. Pendant quelques décennies, la simple maîtrise d’une méthode de production permettait ainsi de dominer son marché.

Aujourd’hui, c’est l’innovation et sa protection qui permettent de construire sa position. Tout le monde peut «fabriquer» un produit. Tout le monde ne peut pas le faire avec la même efficacité. Tout le monde ne peut pas le faire avec la même originalité. Tout le monde ne peut pas le faire avec la «bonne marque», connue et appréciée. Tout le monde, en revanche, peut tenter de passer outre ces protections légales.

C’est le revers de la médaille de la propriété intellectuelle. Se protéger est nécessaire, mais pas forcément suffisant. Face aux imitateurs, à la contrefaçon et à l’espionnage industriel, la protection doit se doubler d’une défense active, offensive à l’encontre des contrevenants.

Parmi ce qui retient les détenteurs légitimes de droits dans la défense de leurs intérêts, certains s’avouent retenus par la complexité des dossiers ou par la crainte de devoir s’engager dans des démarches trop complexes et trop incertaines quant à leur issue.

Si effectivement un conflit est toujours une dépense supplémentaire, il faut souligner le paradoxe d’une protection que l’on espère être spontanément respectée… mais concrètement inexistante et inefficace si elle n’est pas défendue «arme au pied», avec tous les outils juridiques disponibles… Et ils sont nombreux!