«Dans les faits, nous estimons que seulement 5% des fonds alternatifs non régulés respectent réellement ces critères», note Oriane Schoonbroodt, la CEO et cofondatrice de Label R. (Photo: Mike Zenari / archives)

«Dans les faits, nous estimons que seulement 5% des fonds alternatifs non régulés respectent réellement ces critères», note Oriane Schoonbroodt, la CEO et cofondatrice de Label R. (Photo: Mike Zenari / archives)

Difficile d’y voir clair en matière de normes ESG (environnement, social et gouvernance) dans le secteur des fonds alternatifs non régulés. Tout simplement parce qu’il n’y en a pas. Si 53% de ces véhicules d’investissement au niveau mondial disent avoir mis en place une telle politique, la réalité semble un peu différente.

C’est du moins ce qu’estime Oriane Schoonbroodt, la CEO et cofondatrice de la start-up Label R. «Personne ne vérifie si ces politiques sont réellement appliquées dans les fonds alternatifs non régulés», explique-t-elle. «Dans les faits, nous estimons que seulement 5% d’entre eux respectent réellement des critères ESG.»

Des consultants, mais pas de vérification

La politique ESG d’un fonds est le pendant de la stratégie RSE d’une entreprise. Pour résumer, il s’agit de l’ensemble des mesures prises pour mesurer le risque financier. Celles-ci doivent s’appliquer aussi bien sur les processus internes de décisions, qu’au niveau du respect des normes internationales en termes environnemental, social et de gouvernance dans les entreprises dans lesquelles l’investissement est fait.

Les consultants sont nombreux sur ce marché pour aider les fonds non régulés à mettre en place de telles stratégies, mais il n’existe aucun mécanisme de vérification. C’est dans ce créneau que Label R s’est engouffrée. La start-up a créé une méthodologie de mise en place d’une politique ESG pour les fonds alternatifs qui ne tombent pas sous la coupe de la réglementation. Elle procède ensuite à un audit en vue d’attribuer des labels.

Il existe déjà plusieurs agences de labellisation internationale qui proposent des certifications ESG. Luxflag est l'une d'entre elles. Mais ces organismes ne s'adressent qu'aux fonds régulés.

Sécuriser sa réputation

«Avant, on pensait que les normes non financières étaient inutiles, car elles ne rapportaient pas d’argent. Aujourd’hui, les études montrent que la mesure du risque financier améliore les résultats du fonds», détaille Oriane Schoonbroodt. «Ça lui permet notamment de maîtriser et de sécuriser sa réputation.»

Si Label R existe depuis tout juste un an, le travail d’Oriane Schoonbroodt a commencé il y a plusieurs années. Ancienne représentante de la Belgique à la Commission des droits de l’homme des Nations unies, elle a travaillé au début des années 2000 sur la mise en place des «Principes pour l’investissement responsable».

Personne ne vérifie si ces critères sont réellement appliqués.

Oriane Schoonbroodt, cofondatrice de Label R

Destinée à tous les investisseurs, l’adhésion à ces principes se fait toutefois sur base de confiance. «Personne ne vérifie si les fonds qui figurent sur cette liste respectent réellement les règles qui ont été définies», note Oriane Schoonbroodt.

La méthodologie développée par Label R remplit donc un manque. Elle a d’ailleurs été reconnue par le véhicule d’investissement de la Banque mondiale et la Société financière internationale (IFC), qui deviendra l’un des premiers clients de Label R l’année prochaine.

Des partenaires solides

Le chemin a toutefois été long pour en arriver là et Oriane Schoonbroodt a su s’entourer de différents spécialistes pour créer une solution qui convienne au marché dont le cabinet d’audit international SGS, qui l’a aidée à définir une méthodologie. Car mettre en place un standard ce n’est pas tout. Il faut qu’il soit également vérifiable. C’est d’ailleurs les auditeurs du cabinet suisse qui seront en charge de l’audit des fonds qui souhaitent obtenir la certification de Label R.

On ne peut pas faire de la finance d’impact si on n’a pas de politique ESG.

Oriane Schoonbroodt, cofondatrice de Label R

Enfin, elle s’est entourée d’experts internationaux de renom dans son conseil d’administration, qui compte entre autres le fonds BlackRock et la Croix-Rouge internationale.

Le grand chantier de Label R est maintenant de digitaliser sa plate-forme pour faciliter l’interaction avec ses clients et les auditeurs. Pour cela, Oriane Schoonbroodt mène sa première levée de fonds. Et elle a confiance dans l’avenir de sa start-up. «On ne peut pas faire de la finance d’impact si on n’a pas de politique ESG, or la finance d’impact est une tendance qui ne fait que commencer.»