Luc Frieden a rencontré ses homologues qataris à maintes reprises. (Photo: SIP/Luc Deflorenne)

Luc Frieden a rencontré ses homologues qataris à maintes reprises. (Photo: SIP/Luc Deflorenne)

Ce matin, le ministre luxembourgeois des Finances, Luc Frieden, annonçait qu’un investisseur international rachèterait la Banque internationale à Luxembourg afin de développer ses activités sur la place financière luxembourgeoise. Lecho.be indique qu’il s’agirait du fonds souverain du Qatar, Qatar Investment Authority. Il s’octroierait une majorité des parts de l’établissement de crédit pour 900 millions d’euros.

Reste à savoir dans quelles proportions l’Etat luxembourgeois souhaite s’engager ou si d'autres actionnaires minoritaires se joindraient à lui (Luxempart ou Foyer par exemple). Toujours est-il que ce développement irait dans la continuité des tractations engagées entre le gouvernement et le Qatar pour la cession de 35% des parts de Cargolux.

Valorisation sujette à discussion

Les commentateurs avaient alors hurlé à la sous-valorisation de la compagnie de fret aérien. La valorisation de la filiale luxembourgeoise de Dexia, qui faisait encore plus de 200 millions d’euros de profits l’an dernier, serait aussi sujette à discussion.

La question de la cession des champions nationaux au capital du Moyen-Orient va soulever des interrogations d’ordre politique. D'autant plus qu'il était question de l'ouverture d'une filiale de la banque nationale du Qatar au Grand-Duché. Ce projet pourrait ne jamais voir le jour.

Quand les gouvernements s'en mêlent...

Le groupe Dexia est donc en train d'être dépecé. Les gouvernements ont multiplié les annonces en ce sens.

François Baroin, ministre des Finances français a parlé de la création d'une bad bank et d'une entité chargée des crédits aux collectivités locales, adossée à la Banque postale et la CDC.

Son homologue belge, Didier Reynders, a évoqué la nationalisation de Dexia Banque Belgique.

Et leur pair luxembourgeois, Luc Frieden, a fait état de l'entrée d'un investisseur international dans le capital de la BIL.

...l'action s'effondre

Le groupe bancaire a confirmé ces déclarations. L'autorité belge des marchés financiers, la FSMA, l'a rappelé à l'ordre et a même suspendu la cotation de l'action Dexia et des produits dérivés sur Euronext Brussels, à partir de 15h55. Son homologue luxembourgeoise, la CSSF, l'a rejoint en fin d'après-midi. L'autorité belge attend - elle aussi - des «conditions chiffrées d'une cession éventuelle de BIL». La valeur de l'action a chuté de plus de 10% dans les minutes qui ont suivi l'intervention de Luc Frieden. Elle a perdu  17,24% dans la journée.

La cotation reste suspendue jusqu'à nouvel ordre, selon la FSMA. Jusqu'au 10 octobre, pour le groupe Dexia. Un conseil d'administration extraordinaire est prévu pour ce samedi. Compte tenu de la situation, il se pourrait que la ligne Dexia ne réapparaisse jamais. Son dernier prix sera certainement de 84 centimes d'euros.

Par ailleurs, selon le quotidien économique belge néerlandophone, De Tijd, des discussions seraient en cours autour de la joint venture RBC Dexia Investor Services. Royal Bank of Canada possèderait une option d'achat sur des parts de Dexia.