Un panel décapant sur le Brexit pour conclure la Cross-Border Distribution Conference. (Photo: Matic Zorman)

Un panel décapant sur le Brexit pour conclure la Cross-Border Distribution Conference. (Photo: Matic Zorman)

À quelques semaines de l’échéance, la question est sur toutes les lèvres sur la place financière: quel avenir pour le secteur financier après le Brexit?

Pour débattre de la question au cours de la Cross-Border Distribution Conference organisée à l’European Convention Center Luxembourg du Kirchberg, Deloitte Luxembourg et le cabinet Elvinger Hoss Prussen avaient rassemblé des invités de marque.

Entre espoirs des uns de réussite de la séparation et désespoir des autres de voir l’Union européenne se couper d’un de ses membres, l’unanimité s’est faite sur la nécessité de la collaboration la plus intense possible une fois la désunion officialisée.

Je suis de ceux qui regrettent profondément le Brexit.

Herman Van Rompuy, ancien président du Conseil de l’UE

«Je suis de ceux qui regrettent profondément le Brexit, et pas seulement pour des raisons économiques. Le Royaume-Uni faisait partie intégrante du vaste projet de l’Union européenne», a témoigné Herman Van Rompuy, ancien président du Conseil de l’Union européenne. «Mais s’il faut se séparer, faisons-le de la manière la plus amicale possible.»

Mais l’ancien responsable européen insiste aussi sur la nécessité absolue de trouver un accord avant le 29 mars. «Dans le cas contraire, nous ne pourrons pas collaborer comme nous devrions le faire.» 

Market strategist chez Brown Brothers Harriman, la Britannique Carla Jane Findlay-Dons n’a aucun doute, de son côté, quant à la capacité de la City à rester au sommet malgré la perte des avantages liés à l’UE. «La City regorge de talents et d’innovateurs, pour Londres, c’est une opportunité.»

Londres saura se montrer créatif, la City va se réinventer.

John Marshall, ambassadeur du Royaume-Uni au Luxembourg

Plus modéré, mais – diplomatiquement? – optimiste également, l’ambassadeur du Royaume-Uni au Luxembourg, John Marshall, note que «l’histoire de la City est faite d’innovation et de résilience. Londres saura se montrer créatif, la City va se réinventer.»

Secrètement, les Britanniques espèrent toutefois bénéficier de l’équivalence de juridiction, qui leur permettrait de se reconnecter plus facilement aux marchés financiers européens. «Mais l’octroi de cette équivalence ne peut venir que d’une décision unilatérale de la Commission européenne», rappelle Luc Frieden, ancien ministre des Finances luxembourgeois (CSV) et partner chez Elvinger Hoss Prussen.

Lui aussi regrette la situation actuelle. «Pour que les marchés financiers fonctionnent correctement, il faut des règles communes. Or, l’UE est cet espace qui propose ces règles. Les marchés n’ont pas besoin de notion de souveraineté, mais d’un espace global.»

Enfin, Peter Grimmett, head of regulatory development pour le gestionnaire de fonds M&G Group, un des premiers à avoir transféré une part de ses activités de Londres à Luxembourg, estime que les asset managers ont été les plus affectés jusqu’à présent par les conséquences du Brexit. M&G a déjà transféré pour 25 milliards d’euros de fonds vers l’UE. «Nous sommes contents d’être plus présents à Luxembourg, mais ces opérations de transfert ont été compliquées à mettre en place», observe-t-il.