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Au Luxembourg comme ailleurs, l’innovation recouvre bien des réalités. «D’emblée, il est primordial de démystifier ce terme», explique Gaston Trauffler, head of strategic projects, IT & quality management au sein de Luxinnovation. «Dans l’esprit de beaucoup de personnes, la RDI est encore associée à des investissements très coûteux, à des chercheurs en blouse blanche et à des équations complexes. Or, l’innovation peut parfois se traduire par la simple amélioration d’un processus opérationnel.» Sans que cela n’entraîne des dépenses folles ou ne mène au dépôt d’un brevet pour protéger sa propriété intellectuelle… «Une innovation, qu’elle aboutisse à un brevet ou qu’il s’agisse d’un nouveau savoir-faire, doit être synonyme de valorisation», confie le professeur Eric Tschirhart, special advisor to the president for fundraising & tech transfer à l’Université du Luxembourg. «La propriété intellectuelle représente une richesse pour l’entreprise ou l’institution qui la détient. Mais cette richesse n’est réelle que si vous pouvez vendre votre solution à des clients. Au sein de l’Université, nous travaillons en mode spin-off. Si une société naissante a besoin d’investisseurs, nous veillons surtout à ce qu’elle puisse rapidement proposer un ‘minimum valuable product’. Nous sommes en mode ‘driving by the sales’. Si une innovation est bonne, elle trouvera son marché.»

Notre pays est bien positionné en matière d’aides en RDI.

Gaston TraufflerGaston Trauffler, Head of strategic projects, IT & quality management (Luxinnovation)

Ces dernières années, le Luxembourg a veillé à construire un écosystème favorable à l’émergence de nouveaux idées, concepts et solutions qui répondent à des besoins concrets. La concentration des activités au sein de la Cité des sciences, de la recherche et de l’innovation à Belval favorise la coopération public-privé. Par ailleurs, le gouvernement encourage la constitution de véritables centres de compétences, basés sur des partenariats public-privé, notamment à travers la Luxembourg Cluster Initiative. «Notre pays est bien positionné en matière d’aides en RDI», poursuit Gaston Trauffler. «L’approche, dite bottom-up, vise à n’imposer aucune restriction sectorielle dans les financements accordés. Cela constitue un attrait pour l’entrepreneur, là où les pays voisins segmentent davantage leur soutien.»

Le pays dispose d’une belle image à l’étranger. Pour un chercheur, les possibilités d’y débuter sa carrière sont intéressantes.

Barbara DanielBarbara Daniel, Coordinatrice nationale (Euraxess Luxembourg)

Dans l’optique de créer de nouvelles activités économiques, le gouvernement promeut l’esprit d’entreprise en renforçant les capacités d’accueil et l’encadrement de jeunes start-up. Plus d’une vingtaine d’incubateurs se côtoient, dans des domaines très divers. Dans un même temps, la mobilité des chercheurs est favorisée. «Au travers du réseau Euraxess, nous fournissons des informations et une assistance gratuite aux chercheurs voulant s’installer au Luxembourg dans le but de développer leur carrière. Nous aidons également les entreprises luxembourgeoises à trouver les talents capables de leur apporter leur savoir-faire», détaille Barbara Daniel, coordinatrice nationale du réseau Euraxess Luxembourg. «Le pays dispose d’une belle image à l’étranger. Pour un chercheur, les possibilités d’y débuter sa carrière sont intéressantes. Les collaborations sont faciles à nouer, et cela est dû à la proximité des acteurs-clés de la recherche. Il est aussi plus facile pour des chercheurs qui arrivent de pays non européens de s’adapter dans un pays profondément international et multiculturel comme le Luxembourg.»

L’innovation (...), c’est aussi le fait de rendre l’entreprise la plus efficace possible, de maximiser le rendement de chaque personne.

Eric TschirhartEric Tschirhart, Special advisor to the president for fundraising & tech transfer (Université du Luxembourg)

Depuis plusieurs années, le Luxembourg se positionne en tant que «smart nation» moderne, ouverte, hautement connectée et parée pour une société numérique. «Encore une fois, l’innovation n’est pas qu’une histoire de prix Nobel», ajoute Eric Tschirhart. «C’est aussi le fait de rendre l’entreprise la plus efficace possible, de maximiser le rendement de chaque personne. En ce sens, la digitalisation est un outil à disposition des chefs d’entreprise pour améliorer leur rentabilité.» Afin d’accompagner les entreprises sur ce chemin, Luxinnovation propose le programme Fit4Digital. «S’il est intéressant et nécessaire d’innover, le plus important est d’abord d’assurer la pérennité de son activité», conclut Gaston Trauffler.