Les inspirateurs d’Adrien Wira viennent de différentes disciplines. (Photo: Anthony Dehez)

Les inspirateurs d’Adrien Wira viennent de différentes disciplines. (Photo: Anthony Dehez)

Après le lancement du cluster qui lui est dédié, le secteur des industries créatives en général et du design en particulier se porte bien au Luxembourg. Les divers concours et appels d’offres lancés par des associations (Design Friends pour sa Portfolio Night qui se tiendra le 30 juin), des fédérations (Design Luxembourg pour les Design Awards, remis le 1er juin) ou des instances officielles (par exemple le ministère des Affaires étrangères pour la création d’un objet utile dans le cadre du nation branding) en sont une preuve.

Malgré cet engouement, il n’est pas toujours facile pour les designers de s’installer à leur compte et créer leur propre société. C’est pourtant le pari que s’est lancé Adrien Wira, un jeune Lorrain de 35 ans qui vient de s’installer au 1535°, le hub créatif de Differdange. Il a donné son nom à son entreprise, Adrien Wira Design, une sàrl qui a pour but de concevoir et commercialiser ses créations diverses tant dans l’univers de l’objet que du graphisme, de la 3D que de l’art.

Car c’est un véritable touche-à-tout qui se lance et ne veut pas devoir choisir entre ces différentes voies: «Si l’essentiel de ma carrière s’est jusqu’ici concentré dans un seul secteur, celui des chaussures de sport chez Adidas, mes mentors et mon inspiration viennent d’autres disciplines comme le design automobile, le concept art, la photo ou le graphisme», explique Adrien Wira.

Originaire de Briey, c’est vers Metz et sa faculté des Beaux-Arts qu’Adrien commence à se former, «mais [il] n’avait pas envie de devenir professeur d’art» et se tourne vers le Creapole de Paris en design de produits. C’est un stage dans le cadre de ses études qui l’amène à Nuremberg, chez Adidas, dans le département pour enfants. Il fait un brillant travail de fin d’études sur une création en cours et se voit embaucher par la marque aux trois bandes.

«Je suis resté un peu plus de quatre ans dans le département Kids. Ce n’est pas forcément le plus prestigieux, mais c’est très varié avec du running, des sandales, les licences pour Disney ou Marvel», détaille-t-il. Adrien Wira passe ensuite aux départements Training, puis Running. «Ce sont des départements plus stratégiques, voire politiques, où le travail créatif est beaucoup guidé par les exigences du marketing», regrette-t-il, tout en reconnaissant l’importance des expériences accumulées, notamment à travers les visites dans les usines au Vietnam, en Indonésie ou en Chine, où sont fabriquées ses créations.

Processus créatif

Après huit années passées au sein d’un groupe mondial, Adrien Wira a voulu voler de ses propres ailes. Il a mis ses économies dans l’affaire et a essuyé les plâtres de jeune entrepreneur: «C’est compliqué de se lancer, de savoir à qui s’adresser, de commencer à démarcher des fournisseurs, de connaître les règles d’administration, de douane…»

Le voilà désormais au sein du 1535° qu’il apprécie pour «l’esthétique industrielle des lieux et le mélange de métiers et de parcours qui permet la découverte, l’inspiration». Son premier objectif est de développer sa propre marque de baskets. Pour l’heure, il ne veut pas dévoiler le style de sa première paire, mais sait déjà qu’il s’adressera à une clientèle pointue de «sneakers addicts», avec une production en petite série, des matériaux de qualité et un packaging innovant.

Son expérience lui permet d’aligner des compétences «aussi bien côté lifestyle que dans les aspects de performance» pour prétendre signer des chaussures uniques en leur genre. Il a déjà, dans ses cartons, les esquisses, les dessins techniques et les rendus 3D qu’il garde jalousement des yeux extérieurs par crainte de la copie. Suivront les phases de prototypage, puis de tests et de réglages avec les matériaux réels avant le lancement de la fabrication en série. Adrien espère voir ses baskets prêtes pour la fin de l’année.