Il y a des postes vacants pour des profils spécifiques. Et des jeunes diplômés inscrits à l'Adem. (Photo: Sven Becker/Archives)

Il y a des postes vacants pour des profils spécifiques. Et des jeunes diplômés inscrits à l'Adem. (Photo: Sven Becker/Archives)

Quelles sont les formations les plus touchées par le «chômage intellectuel» et quelle est l’ampleur de ce phénomène des jeunes diplômés qui restent en rade du marché de l’emploi réel? C’était en substance la double – bonne – question parlementaire posée par le député André Bauler (DP), en janvier dernier. La chose ne manque pas non plus d’interpeller le ministre de l’Emploi et du Travail, Nicolas Schmit (LSAP), chiffres à l’appui et nuances à la clé.

«Il va sans dire que les efforts déployés en matière d'orientation professionnelle jouent un rôle déterminant dans la lutte contre le chômage des jeunes», écrivait André Bauler dans son adresse au ministre, en janvier dernier. Les auteurs du plan national de mise en oeuvre de la garantie pour la Jeunesse avaient noté que «des efforts ont été récemment accomplis afin d'obtenir des statistiques précises sur les secteurs de l'économie porteurs de création d'emplois». Et André Bauler avançait que de nombreuses formations, «telles que la formation de psychologue, sont particulièrement touchées par le chômage intellectuel».

Manque de qualifications précises

Quant aux branches ou métiers qui annoncent régulièrement des emplois via l'Adem et qui ne trouvent pas suffisamment de personnes qualifiées pouvant occuper les postes déclarés vacants, Nicolas Schmit, dans sa réponse, relève notamment que «la durée de vie» des offres d'emplois dans la banque de données de I'Adem constitue un indicateur quant au déficit de candidats potentiels.

Ainsi, il apparaît que le «déficit persistant de candidats appropriés» s’observe avant tout dans les secteurs banques et assurances (gestionnaires d'organisme de placement collectif, comptables, analystes financiers, fiscalistes), l'informatique ou les services à l'entreprise (notamment les auditeurs).

Selon le ministre, «les profils professionnels demandés à l'Adem manquent souvent de précision alors que, selon la déclaration de poste vacant, le poste peut être occupé par un demandeur d'emploi présentant une expérience certaine qui peut compenser le cas échéant un diplôme postsecondaire».

143 juristes, 233 économistes…

Sur base des postes vacants déclarés pour lesquels un niveau d'études supérieures déterminé est exigé, on constate que 40% des offres d'emploi déclarées à l’Adem s'adressent à des profils professionnels de niveau supérieur, surtout dans le secteur financier ou le conseil.

Mais quels profils sont donc les plus touchés par ce chômage intellectuel? Un relevé des demandeurs d'emplois inscrits ayant au moins trois années postsecondaires réussies révèle un phénomène non négligeable.

Ainsi, fin décembre 2014, il y avait par exemple 143 juristes inscrits, 233 économistes (économie agricole ou commerciale), 76 demandeurs ayant étudié une ou plusieurs langues, 135 gestionnaires d'entreprise ou 102 informaticiens...

Question d’orientation

Nicolas Schmit, en rappelant les programmes de réorientation professionnelle, souligne que, en 2014, 161 personnes de niveau bac+5 ont pu bénéficier d'un coaching par un consultant spécialisé de I'Adem, 442 ont participé à un atelier «création d'entreprise» ou que 144 demandeurs ont bénéficié du programme spécifique «fit for financial market».

Le ministre poursuit: « Le Service d'orientation professionnelle de l'Adem est un interlocuteur important pour les bacheliers, qui viennent d'abandonner leurs études et sont de suite à la recherche d'un nouveau projet professionnel. Ce service dirige les jeunes dans leur choix professionnel, les oriente vers les différents métiers qui pourraient correspondre à leurs intérêts et leurs aptitudes. Le Service d'orientation professionnelle est également responsable du placement en apprentissage.»

 Les demandeurs d'emploi de moins de 25 ans inscrits bénéficient du «parcours personnalisé» que l'Adem a mis en place «afin de mieux détecter les capacités, les aptitudes et les besoins d'encadrement». Ce «profiling» se base sur des critères objectifs (formation, expérience, compétence linguistique, état de santé) et permet à l’agence de mieux orienter le demandeur d'emploi vers l'offre de service qui correspond à ses besoins. «Y compris l'artisanat», conclut le ministre.