La compétition entre Boeing et Airbus a connu mardi une nouvelle étape avec la signature d’un contrat d’un montant d’un milliard de dollars (857 millions d’euros) entre l’avionneur américain et Dassault Systèmes. Révélé dans les colonnes du Figaro, possession du groupe fondé par Serge Dassault, l’accord porte sur «l’utilisation systématique» du logiciel «3DExperience pour concevoir les produits de demain, pour moderniser l’intégralité du système de production et pour déployer de nouveaux services».
Ce contrat, «le plus» important jamais signé par Dassault Systèmes, a été conclu après deux ans de compétition et fait de la firme française un partenaire stratégique de Boeing dans l’aéronautique civile, mais aussi «dans la défense et l’espace», précise Bernard Charlès, son directeur général, cité dans Le Figaro.
Il va se passer plusieurs années avant que cette nouvelle organisation se mette en place.
Walter Grzymlas, CEO de Saturne Technology
Pour Saturne Technology, «fournisseur de rang 1» de Boeing installé à Sandweiler, la signature de ce contrat n’est qu’une première étape, le processus d’application concrète de l’utilisation unique du logiciel de Dassault Systèmes n’étant pas d’actualité immédiate.
«Il va se passer plusieurs années avant que cette nouvelle organisation se mette en place, car ici, il est question de très grands groupes», juge Walter Grzymlas, CEO de la société spécialisée notamment dans la fabrication 3D métallique. «Au vu de l’ampleur du projet et des changements à venir dans le processus de production, il ne serait pas étonnant que cela prenne au moins entre un an et demi à deux ans juste pour calibrer le nouveau système, sans compter la communication avec les sous-traitants qui représentent, rien que pour les moteurs par exemple, entre 70 et 75% du produit fini.»
Boeing reprend l’avantage sur Airbus
Non évoquée lors de l’officialisation de ce partenariat, la question de la formation des personnels, particulièrement des sous-traitants, devrait pour sa part rapidement faire monter la facture pour Boeing. Car les changements de méthode de production introduits par un donneur d’ordre sont à sa charge. À en croire Walter Grzymlas, cet aspect devrait aboutir au fait que «le coût réel devrait largement dépasser le milliard de dollars évoqué au vu de l’ampleur de la tâche», le CEO estimant que «cela pourrait être doublé, même s’il est encore beaucoup trop tôt pour l’affirmer».
Outre Saturne Technology, Boeing impacte d’autres sociétés au Grand-Duché, dont la plus évidente est Cargolux, qui se fournit exclusivement auprès du constructeur américain pour sa flotte. Cette dernière se compose actuellement de 26 appareils, tous des 747. Au début du mois de juillet, Boeing avait fait part d’un recul de 8% de ses livraisons d’avions commerciaux au deuxième trimestre. Du côté des commandes nettes, après trois années où il a été devancé par son concurrent Airbus, l’avionneur américain est parvenu, au cours des six premiers mois de l’année, à inverser la vapeur avec l’enregistrement de 361 commandes, contre 203 pour Airbus.