« Je trouve le cadre européen un brin sclérosé et manquant d’ambition. » (Photo : Julien Becker)

« Je trouve le cadre européen un brin sclérosé et manquant d’ambition. » (Photo : Julien Becker)

Monsieur Hoffmann, quelles évolutions majeures avez-vous rencontrées dans votre secteur, ces dernières années ?

« Pour nous, le changement de paradigme a été la création de LuxConnect, en décembre 2006. Nous avons commencé à utiliser ses infrastructures en 2009 et, depuis, nous déployons le métier d’opérateur dans une croissance à deux chiffres. Telindus a pris une dimension sans précédent, notamment dans le domaine du cloud. C’est une plate-forme hébergée au sein d’infrastructures sur lesquelles nous avons une cinquantaine de clients en mode outsourcing, luxembourgeois et étrangers. Le cloud est l’axe principal mais il y a également le housing – avec le succès que l’on connaît auprès des sociétés d’e-gaming et plus généralement des sociétés d’e-commerce – la connectivité et l’unified communication. Ces quatre activités suscitent l’intérêt des clients, qui peuvent réduire le Capex (investissements) et introduire ces coûts dans l’Opex (dépenses d’exploitation).
La composante internationale est également importante, d’autant que LuxConnect, combinée au cadre fiscal et réglementaire du pays, a permis de percer hors frontières. Notre secteur est l’un des rares à avoir été épargnés par la conjoncture économique, grâce aux possibilités d’exportation de nos services.

Les mêmes tendances pour l’avenir ?

« Depuis quelques années, les changements d’habitude des clients, et plus particulièrement la tendance à l’outsourcing, se sont généralisés. Cela devrait s’accentuer dans les années à venir.
On constate également, dans le secteur financier, des stratégies de rationalisation, induisant une composante IT et donc d’outsourcing, qui continueront à nous être bénéfiques.
Si la crise devenait structurelle, je pense que nous connaîtrions de nouveaux changements au travers de l’industrialisation des services. Cette évolution nous serait également profitable.
Au Luxembourg, nous sommes très bien outillés, car nous avons d’ores et déjà réglé un grand nombre de problèmes via des discussions réglementaires, sur les PSF de support, qui ont eu lieu les années précédentes. Et force est de constater que le pays a gagné en efficacité. Je pense que l’ouverture vers l’international va croître encore dans les années à venir, même si la question de la TVA se posera à l’aube de l’année 2015. Nous continuerons malgré cela à nous prévaloir d’atouts majeurs.

Dans ce contexte d’évolution constante, vos besoins en ressources humaines sont-ils satisfaits ?

« L’un des principaux obstacles à la croissance reste les compétences. Nous recherchons en effet des profils ayant une connaissance des processus métier des clients, tout en maîtrisant les compétences IT. La recherche se tourne typiquement vers des universitaires ayant une formation plus diversifiée que par le passé. Bien évidemment, le recrutement de profils plus techniques reste d’actualité.
Nous déplorons cependant un manque criant de formations idoines dans la Grande Région. Il faut donc poursuivre avec plus de volonté encore les formations continues pour reformer et requalifier les personnes qui sortent d’autres branches.

Quels changements pourrait-on apporter pour améliorer le secteur ?

« Je trouve le cadre européen un brin sclérosé et manquant d’ambition. Il serait vraiment intéressant de lever les barrières qui empêchent l’accès à un marché unique européen, d’aller plus vite en ce sens. C’est d’ailleurs l’un des objectifs assignés de ICTLuxembourg, que de développer des outils de promotion. Le Luxembourg, centre d’excellence, a les atouts pour devenir le leader européen de l’IT. L’harmonisation du cadre européen reste un vaste chantier qu’il est primordial de faire avancer le plus rapidement possible, pour de devenir, ensuite, plus compétitif au niveau mondial. »