Le projet de budget pour 2018 joue avec le feu et se retrouve sous le feu des critiques. (Photo : Mike Zenari)

Le projet de budget pour 2018 joue avec le feu et se retrouve sous le feu des critiques. (Photo : Mike Zenari)

Après une note tout au plus «passable» de la part du Conseil national des finances publiques (CNFP) concernant le budget de l’État pour 2018 et la programmation financière pluriannuelle ce lundi, c’était ce mardi au tour de la Cour des comptes et de la Chambre de commerce de formuler des réserves. Réserves qui risquent de faire grincer des dents le ministre des Finances, Pierre Gramegna (DP).

En effet, les deux avis reprennent en outre des remarques d’ores et déjà faites par le chef de fraction du CSV, Claude Wiseler, et par le député ADR, Gast Gibéryen. La Cour des comptes et la Chambre de commerce nuancent, tout comme l’opposition parlementaire, l’analyse positive que fait le gouvernement de l’évolution prévue de la dette et mettent en garde sur l’évolution du PIB.

Après lecture des divers avis émis par les chambres professionnelles et institutions, le dernier budget de la mandature, comme le notait Paperjam dans son édition de septembre, donne l’impression de jouer avec le feu. Il se retrouve par conséquent sous le feu des critiques.

Recettes surévaluées?

Tout comme le CNFP, la Chambre de commerce reprend dans son avis, en outre, le «décrochage» de la croissance économique, pourtant cruciale à la santé des finances publiques, que le gouvernement n’aurait pas pris en compte dans le projet de budget.

Un ralentissement ayant un impact sur la masse salariale. La chambre professionnelle représentant les entreprises a effectué un «stress test» qui la mène à émettre, entre les lignes, la suspicion que le gouvernement aurait surévalué les recettes.

Sous un scénario de décrochage de la croissance du PIB, la Chambre de commerce «identifie une surestimation des recettes officielles relatives aux impôts directs sur les ménages de quelque 300 millions d’euros à l’horizon 2021 – soit près de 0,5% du PIB, et une surestimation des cotisations sociales de 140 millions d’euros».

«Continuité du déficit»

Pour la Cour des comptes, c’est de constater dans son avis que «certes, le ratio de la dette publique par rapport au PIB diminue de 23,5% en 2017 à 21,6% en 2021». En revanche, l’institution rappelle que cette «régression de la dette publique, exprimée en pourcentage du PIB, est surtout le résultat de la croissance soutenue du PIB sur la période considérée».

La Cour des comptes note d’ailleurs que les dotations au Fonds de la dette publique prévues dans le projet de budget pour 2018 s’élèvent à 240,18 millions d’euros, alors que les dépenses totales du fonds prévues pour l’année prochaine se chiffrent à 940,17 millions d’euros.

Reprenant quasiment les mêmes termes que Claude Wiseler, la Chambre de commerce ironise pour sa part, affirmant que «la seule continuité se manifestant de manière tangible est celle des déficits de l’administration centrale».

Un budget «pour la prochaine génération»

Pour conclure, la Cour des comptes se penche sur la soutenabilité du système des pensions. Tandis que le gouvernement veut attendre les recommandations d’un groupe de travail, la Cour des comptes «ne saurait qu’encourager nos gouvernants à plancher dès à présent sur une nouvelle réforme plus profonde et les invite à ne pas céder à la procrastination en se reposant sur la bonne santé présumée de la situation financière actuelle du régime général d’assurance-pension afin de ne pas hypothéquer les pensions des générations futures».

La Chambre de commerce, elle, regrette que le budget pour 2018 et la programmation pluriannuelle «ne s’inscrivent pas plus résolument dans une démarche d’anticipation des défis budgétaires, économiques et sociaux à venir».

Lorsqu’il avait présenté son projet de budget le 11 octobre, Pierre Gramegna avait pourtant souligné que le gouvernement «ne fait pas de politique pour les élections, mais pour la prochaine génération».