La proposition de budget 2021-2027 prévoit, selon Yuriko Backes, «de nouveaux instruments dont l’appui aux réformes prioritaires pour soutenir les États membres qui souhaitent rejoindre l’euro». (Photo: Mike Zenari)

La proposition de budget 2021-2027 prévoit, selon Yuriko Backes, «de nouveaux instruments dont l’appui aux réformes prioritaires pour soutenir les États membres qui souhaitent rejoindre l’euro». (Photo: Mike Zenari)

Dévoilées mercredi par Jean-Claude Juncker, les grandes lignes du budget européen de la décennie à venir donnent le coup d’envoi d’un marathon de négociations entre la Commission et les États membres, qui doit s’achever au printemps 2019. Avec pour ambition de parvenir à un accord ratifié à l’unanimité dans un contexte de tensions internes de plus en plus fortes au sein de l’Union et de menaces de guerre commerciale avec les États-Unis.

L’exercice se trouve être d’autant plus périlleux que le président de la Commission estime que le cadre dévoilé «n’était pas un exercice comptable, car les priorités ont été mises là où il faut les mettre». Une référence à la multiplication par 2,6 du budget alloué à «la gestion commune» de la migration, au doublement des fonds prévus pour les programmes dédiés à la jeunesse ou de ceux destinés à la défense, compensée notamment par la baisse de la politique agricole commune et la politique de cohésion destinée aux régions défavorisées.

Ne pas perdre d’autres États membres à l’avenir.

Yuriko Backes, chef de la représentation de la Commission au Luxembourg

Pour Yuriko Backes, chef de la représentation de la Commission européenne au Luxembourg, cette proposition budgétaire «répond avant tout aux attentes des citoyens, notamment des jeunes» qui «demandent plus d’Europe afin de relever les nouveaux défis qui nécessitent une action collective accrue». Il s’agit surtout des domaines «où les États membres, dont le Luxembourg, ne peuvent pas agir tout seuls, comme la migration, la défense, le marché unique ou la digitalisation», qui sont des thématiques pour lesquelles «le besoin d’investissement est évident». Et donc à faire évoluer aussi bien les différents postes de dépenses que les recettes.

Car l’autre grande nouveauté introduite dans ce cadre financier pluriannuel tient dans la mise en œuvre d’une autre approche. Que ce soit en liant le versement de fonds aux États membres «au respect de l’État de droit», jugé par la représentante de la Commission au Luxembourg comme «une mesure destinée à ne pas perdre d’autres États membres à l’avenir et à permettre à tous de regarder dans la même direction», ou en introduisant de nouvelles ressources destinées à gonfler les rentrées propres de l’UE. Notamment un taux d’appel de 3% appliqué à la future assiette commune consolidée pour l’impôt sur les sociétés.

Taux de croissance 2018 et 2019 différents

«Toutes les propositions spécifiques sectorielles seront détaillées d’ici mi-juin», indique Yuriko Backes, qui confirme seulement que «ce qui a été présenté ne sont que des grandes lignes, le contenu précis fera l’objet d’échanges avec les États membres.» Même chose donc en ce qui concerne le successeur du Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS ou «plan Juncker»), baptisé InvestEU, qui doit bénéficier d’une garantie initiale de 15,2 milliards d’euros et d’un investissement total de 650 milliards entre 2020 et 2027.

À noter enfin qu’au lendemain de la présentation du cadre financier pluriannuel, la Commission a dévoilé ses prévisions économiques pour 2018 et 2019. Si Bruxelles table sur une hausse du PIB de 3,7% en 2018 et de 3,5% en 2019, le Statec prévoit, lui, une croissance de 4,6% sur les deux prochaines années. Un écart qui serait lié principalement «à la méthodologie employée» puisque les données utilisées par Bruxelles sont plus anciennes que celle de l’office statistique luxembourgeois. Ce qui devrait aboutir «probablement à un ajustement dans les prochains mois», selon les représentants luxembourgeois de la Commission. Selon toute vraisemblance, l’écart relevé proviendrait des résultats 2017 de la Place, dont «la valeur ajoutée a chuté de 3,3%, ce qui a pesé sur la croissance économique du pays», comme l’écrit le Statec dans le «conjoncture flash» du mois d’avril.