L'annonce fait l'objet de deux simples lignes dans la rubrique "Actualité" du site de l'Institut luxembourgeois de régulation (ILR): en date du 21 octobre, Orange Communication Luxembourg S.A. a officiellement notifié sa décision de restituer la licence UMTS qui lui a été allouée, ainsi que l'arrêt de ses opérations au Luxembourg. Cela met un terme aux rumeurs persistantes depuis un bon moment déjà et redistribue les cartes sur un marché proche de la saturation...
Orange Communications Luxembourg faisait partie des premiers opérateurs à avoir été candidat à une licence UMTS au Luxembourg. Le 22 mai 2002, l'opérateur avait été officiellement investi de cette licence, terminant en deuxième position de l'évaluation comparative, entre Tango et l'Entreprise des P&T.
Filiale de France Telecom, Orange (premier opérateur mobile dans l'Hexagone, avec près de 50% de part de marché) est présent dans 19 pays à travers le monde (dont 13 en Europe) et se trouve impliqué, directement ou non, dans une dizaine de réseaux UMTS.
"La raison de ce retrait est avant tout économique", nous a expliqué Patrick Eskenazy, Directeur général et CEO de Orange Communications Luxembourg. Lorsque nous nous sommes engagés dans l'UMTS au Luxembourg, nous étions trois. Le business plan était déjà difficile, mais réalisable et les actionnaires estimaient importants d'être présents malgré tout sur un tel marché. A 4 opérateurs, ce n'est plus viable".
La décision du gouvernement d'attribuer un total de quatre licences date de mai 2000 et avait déjà, à l'époque, suscité de nombreuses interrogations. "Deux, cela aurait été parfait; trois à la rigueur. Mais quatre, c'est vraiment beaucoup trop!" avait indiqué, en ce temps-là, Jean-Claude Bintz, alors Directeur Général de Tango. "Je ne voudrais pas être le quatrième" avait répété, plus récemment, Marcel Gross, Directeur général de l'Entreprise des P&T.
Après la première levée, à trois, le gouvernement, tenant compte de "l'évolution de la situation des réseaux et services 3G", avait décidé, en mais 2003, de lancer un second appel à candidature, ce qui avait permis à LuXcommunications (avec, à sa tête... Jean-Claude Bintz!) d'entrer à son tour dans la danse.
Dans le même temps, Orange, qui devait lancer son offre UMTS en août 2003, conformément aux termes de sa licence, avait demandé - et obtenu - un report de deux ans. "Déployer l'UMTS en 2003 n'était pas possible, car l'UMTS n'était pas encore vraiment prêt à cette époque", précise M. Eskenazy, qui n'avait pas manqué de tirer la sonnette d'alarme, dans les colonnes de paperJam, fin 2003: "J'avoue ne pas avoir très bien compris ceux qui ont pris cette décision d'imposer un quatrième opérateur à Luxembourg. Je ne sais même pas s'ils ont déjà vu le business plan d'un opérateur mobile...En tout état de cause, l'arrivée d'un quatrième va fragiliser un peu les trois autres. La galette est encore plus restreinte. Sur notre propre business plan, cela aura clairement un impact de quelques points", expliquait-il, évoquant alors une situation "au bord de la saturation de marché". Les faits semblent lui avoir donné raison.
Depuis l'attribution de sa licence, Orange avait; du reste, quelque peu joué "L'Arlésienne" sur le marché. Certes présente dans les différentes réunions de travail avec l'ILR et impliquée dans la constitution du Groupement d'intérêt économique Telcom dans les mains de qui sera confiée la bonne réalisation technique de la portabilité mobile (attendue incessamment sous peu...), la société brillait par sa discrétion quant à la constitution de son réseau. "L'absence de règles du jeu claires en ce qui concerne a réglementation a également été un facteur qui a joué", confie M. Eskenazy. Contrairement à LuXcommunications (société mère du réseau VOXmobile), le quatrième acteur à être entré dans la course, pas question pour Orange d'envisager de s'associer à un autre réseau déjà en place: une démarche qui n'entre pas dans le cadre de la stratégie "corporate" de l'opérateur, soucieux de conserver le contrôle absolu de ses infrastructures en en restant propriétaire.
Le responsable d'Orange n'a pas souhaité communiquer le montant des sommes déjà engagées - et donc perdues - dans ces opérations au Luxembourg.
Le temps aux autorités de "clôturer" administrativement ce retrait, un nouvel appel d'offres devrait être lancé pour cette quatrième licence laissée vacante. Mais il serait bien étonnant qu'un candidat ose s'y risquer. Auquel cas, la licence serait à nouveau remise sur le marché, ultérieurement...