600 millions d’euros de financement prévus ne pourront pas faire le trajet Luxembourg-Moscou cette année.  (Photo: Maison Moderne Studio)

600 millions d’euros de financement prévus ne pourront pas faire le trajet Luxembourg-Moscou cette année.  (Photo: Maison Moderne Studio)

Ce mardi, les représentants permanents des États de l’Union européenne se sont entendus sur un paquet de mesures restrictives visant un certain nombre de secteurs de coopération et d’échanges avec la Fédération de Russie. Elles font suite à la spirale de violence qui, dans le cadre de la crise ukrainienne, a conduit au «meurtre de presque 300 civils innocents dans leur vol des Pays-Bas vers la Malaisie», indique le Conseil européen.

Il s’agit là de la troisième phase du programme de rétorsion et vise pour la première fois les intérêts économiques de la Russie. Ainsi, ces décisions vont notamment limiter l’accès aux marchés de capitaux européens à des institutions financières détenues par l’État russe.

Une banque indirectement détenue par l’État russe

Pour l’heure, il est difficile de dire dans quelle mesure ce nouveau train de sanctions nuira aux intérêts russes au Grand-Duché et aux intérêts luxembourgeois en Russie. Deux banques russes opèrent aujourd’hui au Luxembourg: East West United Bank, majoritairement détenue par le conglomérat Sistema (dirigé par le consul honoraire du Luxembourg en Russie, Vladimir Evtushenkov), et Gazprombank, bras financier du groupe énergétique Gazprom… majoritairement détenu par la Fédération de Russie.

Des milliards d’euros transitent annuellement du Grand-Duché vers la Russie, via les fonds d’investissement et les activités de financement… si bien que le Luxembourg est devenu, assez artificiellement, le troisième investisseur dans ladite fédération (il était le premier en 2009!).

La CSSF (Commission de surveillance du secteur financier) ne prévoit pas pour l’instant d’autre communication à destination des professionnels de la Place que celle émanant du Journal officiel européen. Sa prochaine édition paraîtra ce mercredi soir.

L’activité de la BEI touchée

Le paquet de mesures suspend également les financements en Russie de la Banque européenne d’investissement, basée à Luxembourg, et de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Londres).

Contactée, la BEI – banque de l’Union européenne – indique bien sûr suivre les décisions prises par le Conseil. 600 millions d’euros (200 millions à destination du secteur privé, 400 millions vers le public) de financement devaient être affectés en Russie pour le reste de l’année, précise la banque. «À plus long terme, nous nous attendons à ce que la suspension de nouveaux prêts de la BEI en Russie résulterait en une réduction de 700 à 1.000 millions d’euros par an», rapporte l’institution.

Les sanctions imposent également un embargo sur le commerce d’armes ou encore contraignent l’accès russe aux technologies sensibles, comme celle du secteur pétrolier.

Liste allongée

Enfin, les ambassadeurs des 28 au Coreper (Comité des représentants permanents) ont ajouté huit personnes et trois entités à la liste des «sanctionnés». Y figurent désormais 95 personnes physiques et 23 entités.

La semaine dernière (le 25), l’Union européenne avait déjà allongé sa liste de personnes, physiques et morales, ciblées par les sanctions. Outre des personnages politiques influents (notamment Ramzan Kadyrov, le sulfureux président de Tchétchénie), y figuraient des entreprises dont la propriété avait été transférée en violation de la loi ukrainienne. Les intérêts luxembourgeois avaient, alors, été épargnés.