Tun Van Rijswijck (Photo: Julien Becker)

Tun Van Rijswijck (Photo: Julien Becker)

De nos jours, la vidéo génère 80% du trafic web. Les web TV poussent comme des champignons dans cette forêt Internet, apportant parfois des contenus sur certains points identiques à la télévision standard, mais surtout complémentaires à celle-ci. C’est cette dernière vocation que Tun Van Rijswijck, chief operating officer chez Broadcasting Center Europe (BCE), revendique au web: «Aujourd’hui, l’intérêt du web est de montrer autre chose, de compléter le contenu télé.» L’exemple de l’émission La Nouvelle Star (diffusée sur M6) est assez typique de cette tendance: grâce à Internet, il est possible de regarder les répétitions et les coulisses, et finalement de choisir les séquences que l’on souhaite visionner. Il y a donc le direct «standard» et les séquences annexes que tout un chacun peut piocher au gré de ses envies. «Il est donc important pour nous de garder tous les rushes, qui sont tous susceptibles d’être commercialisés», précise M. Van Rijswijck.

L’univers de la télévision, confronté à la nécessité de garder son audience le plus longtemps possible, doit s’adapter à une nouvelle tendance des consommateurs téléspectateurs: le zapping effréné et l’utilisation simultanée de plusieurs écrans (télé, laptop, smartphone). La télévision doit, de ce fait, être connectée: être présente dans les médias sociaux et se projeter sur tous les écrans au travers du web et du mobile.

Par ailleurs, chacun des écrans doit également pouvoir fournir plusieurs contenus en même temps. «Nous sommes dans la génération de second, voire third screen, qui permet dorénavant aux utilisateurs de regarder la télévision tout en consultant au même instant d’autres contenus», explique M. Van Rijswijck. En parallèle, les web TV ont également vocation à permettre à tout vidéaste amateur de diffuser sa création. L’intérêt vaut pour des courts métrages, mais surtout des faits d’actualité: permettre d’avoir une vision de l’actualité au travers des yeux de ceux qui la vivent et non plus seulement de ceux qui la relaient. «Mais il ne faut pas croire que l’interactivité va prendre une place énorme dans le futur», tempère-t-il.

Produire reste cher

Cette tendance ne marque donc pas la fin du professionnalisme, car s’il est vrai que le tournage et la post-production ont été facilités, la technique aidant, il faudra toujours des spécialistes pour le travail de conception. En outre, produire du contenu reste toujours relativement cher, même en tenant compte de la valeur dégressive des équipements. D’où la nécessité de s’entourer de bons professionnels. «Nous avons un bon vivier de jeunes professionnels dans la Grande Région, précise M. Van Rijswijck. Ce qui est dommage, c’est qu’ils sont souvent plus intéressés par le cinéma.»

Pourtant, la création est un aspect prépondérant dans le monde de la télévision, pour les contenus comme pour les publicités. Dans les deux cas, la post-production s’est grandement enrichie grâce aux trucages et autres effets spéciaux. La télévision a d’ailleurs besoin de se renouveler systématiquement, de précéder les tendances et les goûts du marché, d’apporter des contenus neufs pour fidéliser une audience toujours plus versatile.

 

Express - Tun Van Rijswijck

  • 51 ans
  • Chief operating officer chez Broadcasting Center Europe depuis 2003, après avoir été auparavant responsable du laboratoire technique chez RTL Production