Donald Trump n’aura pas perdu une seconde pour commencer à honorer ses promesses électorales, au grand dam de ceux qui espéraient que les annonces du milliardaire républicain pendant la campagne ne seraient que rhétorique populiste. L’administration Trump mettait en une semaine une toute nouvelle politique et une nouvelle communication «alternative» en musique, mais elle provoquait ainsi les premières ripostes.

Tandis que les internautes et les médias lançaient vendredi dernier la première polémique en ironisant sur la maigre foule qui avait assisté à l’inauguration du 45e président des États-Unis, Donald Trump posait déjà sa première signature de président sur un ordre exécutif.

À peine arrivé dans son nouveau bureau, l’«oval office», Donald Trump ordonnait vendredi de «limiter la charge économique» de certains éléments de la sécurité sociale introduite par son prédécesseur, à savoir l’Obamacare. Sujet à suivre. Jusqu’ici tout va bien.

Mexico City Policy

Si le premier ordre exécutif n’a pas immédiatement mis le feu aux poudres, tel ne fut pas le cas lundi, lorsque Donald Trump suivait l’exemple de ses prédécesseurs républicains à la Maison Blanche et ordonnait de couper le financement d’ONG qui soutiennent l’avortement (connu aux États-Unis sous la «Mexico City Policy»). Les internautes et médias s’offusquaient qu’une nouvelle fois le gouvernement ôte le choix aux femmes. Une photo du président entouré d’hommes lors de la signature n’ajoutait qu’insulte à l’injure.

Suivait en revanche une première réaction officielle de l’étranger: la ministre néerlandaise en charge du commerce extérieur et du développement, Lilianne Ploumen, annonçait que les Pays-Bas souhaitaient créer un fonds international pour compenser les pertes que risquaient désormais les ONG.

Toujours est-il que la décision de Donald Trump est un bras d’honneur aux millions de personnes qui déferlaient dans les rues des grandes villes américaines et à Londres pour la «Women’s March». Le président américain avait de toute façon commenté les manifestations en se demandant «pourquoi toutes ces personnes ne sont pas allées voter» en novembre.

Le mur mexicain

Une décision du président cette première semaine aura même réussi à presque faire oublier d’autres décisions très controversées. Mercredi, Donald Trump ordonnait la construction d’un mur le long de la frontière mexicaine. Et ajoutait le lendemain que le Mexique paierait pour le mur. Jeudi soir, son administration évoquait la possibilité d’augmenter les taxes sur les importations mexicaines de 20%.

Le président mexicain, Enrique Peña Nieto, avait le soir de l’annonce du président américain répété dans un message à ses concitoyens que le Mexique ne paierait pas pour un mur qui offenserait la dignité du peuple mexicain. Contre l’entêtement de Donald Trump, Enrique Peña Nieto annonçait le lendemain, jeudi, qu’il annulait une rencontre prévue avec son homologue américain.

Malgré le fait que la frontière entre les États-Unis et le Mexique compte d’ores et déjà aux frontières les plus surveillées du monde, malgré les drones et le mur existant déjà sur de grandes portions de la frontière de plus de 2.000 kilomètres, l’immigration clandestine et le trafic de drogue et d’armes dans les deux sens ne s’arrêtent pas. S’il est construit, le mur de Donald Trump entrera dans les livres d’histoire dans la rubrique «bêtise humaine».

La torture

Pendant sa première semaine à la Maison Blanche, Donald Trump a également réussi à provoquer dans son propre camp. Associated Press et le New York Times, citant un document confidentiel, reportaient mercredi que l’administration Trump songerait à rétablir des prisons de l’agence de renseignement CIA à l’étranger, dont Guantanamo, et de revoir les techniques pour les interrogatoires et la torture.

Le sénateur républicain et ancien candidat présidentiel, John McCain, s’emportait tout de suite sur Twitter. Lui-même ancien prisonnier durant la guerre du Vietnam, il affirmait mercredi: «Le président peut signer ce qu’il veut, mais la loi est la loi. On ne rétablira pas la torture!»

Après les «fake news», maintenant les «alternative facts». Les premières décisions de Donald Trump choquent, mais la rhétorique de la nouvelle administration effraie. Suite à la déclaration du nouveau porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, selon laquelle plus de monde aurait assisté à l’inauguration de Donald Trump qu’à l’inauguration de Barack Obama en 2009, le journaliste de NBC, Chuck Todd, interrogeait le week-end dernier la conseillère de Donald Trump, Kellyanne Conway. Cette dernière déclarait alors: «Vous appelez ça des fausses informations, et Sean Spicer a donné des faits alternatifs.»

Nombreux sont les observateurs qui craignent que le nouveau commander-in-chief n’ait pas de scrupules pour inventer des faits alternatifs sur le plan économique ou même géopolitique.

«À quelque chose malheur est bon», assure le proverbe. Peut-être le 45e président des États-Unis créera un certain renouveau démocratique. Peut-être les médias pourront regagner en confiance, peut-être les politiques traditionnelles se remettront en question, peut-être tout le peuple sera désillusionné de la politique nationaliste.

En tout cas, des millions de personnes se mobilisent déjà pour défendre leurs intérêts contre les politiques de Donald Trump. Certains médias se repositionnent et veulent augmenter leurs capacités investigatrices et leur collaboration avec d’autres rédactions. Des agences environnementales fédérales résistent aux ordres du président. Reste encore à entendre quelque chose de la part des dirigeants européens.