Donald Trump est devenu, vendredi 20 janvier, le 45e président des États-Unis. (Photo: licence CC / Gage Skidmore)

Donald Trump est devenu, vendredi 20 janvier, le 45e président des États-Unis. (Photo: licence CC / Gage Skidmore)

Le discours de Donald Trump prononcé vendredi après-midi après sa prestation de serment a surpris plus d’un observateur. Et n’a pas rassuré quant à l’approche du président américain dans ses relations avec des partenaires extérieurs. La volonté isolationniste clairement exprimée rompt avec le positionnement de ses prédécesseurs depuis plusieurs dizaines d’années.

«C’est le retour d’un isolationnisme américain que nous avions eu tendance à oublier en raison d’une politique tournée vers le reste du monde depuis les 30 dernières années», déclare Philippe Poirier, politologue, chercheur et enseignant à l’Université du Luxembourg. «Ce discours était aussi très classique du point de vue du courant populiste américain qui n’est pas le populisme européen. Il est plutôt centré sur les aspects économiques dans la lignée de Theodore Roosevelt, avec l’idée de protéger l’économie.»

La peur du reste du monde

Les aspects économiques passés, le discours de Donald Trump a été marqué par un accent sécuritaire, soulignant le rôle des armées pour protéger d’abord le peuple américain et l’objectif d’éradiquer le terrorisme islamiste radical.

«Pour la première fois, nous voyons que le président est l’expression de la peur des États-Unis vis-à-vis du reste du monde», ajoute Philippe Poirier. «Contrairement aux discours d’Obama, de Bush junior ou encore de Clinton, il y a un pessimisme qui entraîne un discours de peur et donc un discours très renfermé sur les États-Unis.» 

Le retour de la démocratie rédemptrice

Trump arrive au pouvoir par la voie pessimiste tout en axant sa première intervention sur une forme d’espoir. Le président entame aussi son mandat en déclarant vouloir faire basculer le pouvoir politique de Washington DC vers l’ensemble du pays. 

«Depuis qu’il est élu, Donald Trump continue d’agir comme s’il était en campagne», ajoute Philippe Poirier. «Cette campagne permanente désarçonne nos systèmes politiques, car ils sont construits sur une forte délégation. Or, s’il ne peut pas contourner la démocratie représentative, nous avons, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, un dirigeant politique qui se veut redevable de la démocratie rédemptrice.»

La démocratie rédemptrice, soit la volonté de placer le peuple au plus près du pouvoir, est l’un des marqueurs des extrêmes droites et des populismes.

Les Européens face à leurs responsabilités 

Quelles relations entre l’Union européenne et les États-Unis sous l’ère Trump? L’isolationnisme, le protectionnisme et, plus généralement, la manière du président républicain de considérer la politique rebattent les cartes géopolitiques.

«Cet isolationnisme économique et sécuritaire pose la question même de l’organisation de l’Union européenne sur le plan de la défense. Si l’Otan est décrite par Trump comme obsolète et que les États-Unis revoient leur contribution à la baisse au sein de l’Organisation transatlantique, le flanc Est et le flanc Sud de l’Union européenne sont plus qu’ouverts en matière de protection», ajoute Philippe Poirier. Par ailleurs, si Donald Trump remet en cause les relations économiques avec le Mexique, il fait peu de doute que le traité de libre-échange avec l’Europe subisse le même sort», ajoute le chercheur de l’Uni.

«Trump nous renvoie à nos propres problèmes. Dans les quatre prochaines années, l’Union européenne doit se prendre en mains.»

Quant à l’éventuelle propagation de l’effet Trump en Europe, M. Poirier estime qu’elle pourrait se jouer à la marge, sans pour autant porter par exemple Marine Le Pen au pouvoir en France. Car les ressorts populistes ne sont pas les mêmes de chaque côté de l’Atlantique.