Madame Manzari, comment la CSSF accompagne-t-elle les demandes de fintech?
«Dans le cadre des demandes fintech, la mission de la CSSF est de veiller à ce que ces sociétés, dès lors qu’elles prestent des services financiers, respectent la réglementation applicable. Dans la mesure où les solutions soumises par les fintech sont cependant des solutions souvent innovantes et reposent essentiellement sur des infrastructures IT plus ou moins complexes, notre rôle dans le cadre de ces dossiers est de trouver ensemble avec les professionnels le modèle d’affaires qui répond aux exigences réglementaires et de supervision et qui est technologiquement neutre afin de ne pas empêcher l’innovation. Par conséquent, la réglementation doit maintenir une concurrence équitable entre tous les acteurs, indépendamment du fait que la prestation de services financiers se base sur des modèles d’affaires existants ou innovants ou qu’ils aient recours à des solutions analogues ou numériques.
Il va sans dire que dans de nombreux dossiers, la réglementation existante n’est pas toujours adaptée aux modèles innovants qui nous sont soumis. Nous devons par conséquent en tant que régulateurs non seulement procéder à un exercice d’interprétation de la réglementation tout en respectant le cadre de la loi, mais également essayer de bien comprendre les modèles innovants soumis, en analyser les risques et mettre en place les règles selon lesquelles nous entendons que ces sociétés prestent leurs services dans le secteur financier.
Le rôle de la réglementation pour les fintech: un atout ou un passage obligé?
«Au Luxembourg, personne ne peut s’établir pour exercer une activité du secteur financier sans avoir obtenu l’agrément du ministre des Finances et sans être soumis à la surveillance prudentielle de la CSSF, c’est donc une obligation. Par conséquent, une fintech qui par exemple souhaite prester des services bancaires ou financiers se doit d’être réglementée. Certaines fintech par contre ne sont pas tenues de se soumettre à la réglementation du secteur financier parce qu'elles n’offrent que des supports ou solutions techniques pour favoriser/faciliter la prestation de services financiers.
Quelles sont les comparaisons que l’on peut faire à l’international entre l’approche des régulateurs?
«Si nous avons été parmi les premiers en Europe il y a deux ans et demi à nous prononcer sur le besoin de réguler les fintech qui prestent des services financiers, nous constatons aujourd'hui qu’une approche similaire est progressivement adoptée par de plus en plus de régulateurs, chacun un peu à sa façon. Or, je pense qu’à la fin, nous nous accorderons tous à adopter une position commune à l’égard des technologies financières.
Les nouveaux modèles proposés par les fintech incitent-ils le régulateur à se remettre en question?
«Pas vraiment une remise en question, mais plutôt la prise de conscience que nous devons suivre l’évolution technologique. L’important pour le régulateur est de veiller à ce que la surveillance prudentielle soit neutre à l’égard de l’évolution technologique.
Quid des Fintech Awards Luxembourg?
«Nous avons vu des modèles et solutions très variés et diverses. Tous particulièrement intéressants.
Je suis curieuse de voir les efforts qui seront maintenant entrepris par les différents candidats retenus afin de se démarquer. Sauront-ils innover afin d’encore mieux nous présenter leurs modèles d’affaires et de convaincre le jury?»