Des employés qui se concertent avec leurs employeurs pour moduler leur emploi du temps ont plus de chance d’être productifs et satisfaits de leur travail. (Photo: Licence C.C.)

Des employés qui se concertent avec leurs employeurs pour moduler leur emploi du temps ont plus de chance d’être productifs et satisfaits de leur travail. (Photo: Licence C.C.)

L’entreprise de gestion de fortune Perpetual Guardian, située en Nouvelle-Zélande, a testé la semaine de 4 jours pour ses employés pendant deux mois, en gardant le même salaire. Les 240 collaborateurs de l’entreprise ont été interrogés par des chercheurs avant et après l’expérience.

Parmi les résultats obtenus, leur équilibre entre vie professionnelle et vie privée a largement progressé (24%), sans compter leur satisfaction générale qui a aussi fait un bond, passant de 54 à 78%. Le stress de ces salariés a par ailleurs diminué de 7 points, alors que leur engagement et leur motivation ont augmenté de 5 points.

Les employés se sont concertés sur les jours de travail, l’automatisation de certaines tâches, etc., ce qui a induit à plus de productivité de leur part.

Tout doit se décider en cogestion entre les employeurs et la délégation du personnel

Patrick Dury, président du LCGB

Ce modèle pourrait-il être une source d'inspiration au Luxembourg? Côté syndical, on voit d’un bon œil cette concertation entre employeurs et employés pour une plus grande flexibilisation du travail. «Tout doit s’organiser sur le terrain et se décider en cogestion entre les employeurs et la délégation du personnel», note le président du LCGB, Patrick Dury. «Dans ce cas-là, cela ne peut être que positif».

Mais la flexibilisation a ses limites, estime le syndicaliste: «J’étais en Autriche il y a un mois, et ils parlent également de journées de 12h, de la semaine de 40 heures réduite sur trois ou quatre jours. J’ai de grandes réserves quant à cette approche, car travailler plus de 10 ou 12h équivaut à une baisse de la productivité».

Côté patronal, la flexibilisation du temps de travail est une revendication de longue date de l’Union luxembourgeoise des entreprises (UEL). «La digitalisation présente de nouveaux défis, estime son directeur Jean-Paul Olinger. Nous nous sommes toujours montrés ouverts à de nouvelles formes de travail, même si dans ce cas précis, cela ne peut pas s’appliquer à tous les métiers».

Il faut pouvoir discuter de la bonne période de travail qui convient le mieux

Jean-Paul Olinger, directeur de l’UEL

Cette expérience néo-zélandaise se réfère plus précisément aux emplois de bureaux, et pourrait s’appliquer au Luxembourg dans une moindre mesure. «Nous aimerions que le cadre législatif soit plus flexible, mais cela doit se gérer au cas par cas dans les entreprises, avec la délégation du personnel. Ce qui est évidemment plus difficile pour les petites entreprises. Il faut trouver des modes bénéfiques pour chacun».

Au passage, le directeur de l’UEL se permet un petit tacle, puisque selon ce dernier, le patronat n’a jamais obtenu gain de cause dans les pourparlers sur le temps de travail, quand le congé parental a été de fait acté: «Nous n’avons pas pu avancer comme nous l’espérions, alors que nous avons cédé en contrepartie sur le congé parental».

Pas question de travailler moins au même salaire

Pour revenir sur l’expérience néo-zélandaise en elle-même, si le patronat se montre ouvert à de nouvelles formes de travail avec une plus grande flexibilisation des horaires, il n’est pas question de travailler moins pour le même salaire: «Nous souffrons d’une pénurie d’employés dans plusieurs secteurs, ce serait donc difficile de travailler encore moins pour rester compétitifs».

Même chose pour le secteur de la construction, figé sur les congés collectifs en août: «Il faut pouvoir discuter de la bonne période de travail qui convient le mieux. On peut se demander par exemple s’il est bien cohérent de faire travailler les ouvriers en plein mois de janvier dehors et de voir tous les chantiers s’arrêter en août. Peut-être que des jeunes ouvriers souhaiteraient partir en vacances en février ou en septembre?», se demande Jean-Paul Olinger.