Entrée au Tageblatt en 1977, Danièle Fonck en est rédacteur en chef depuis fin 2004.  (Photo: Olivier Minaire/archives)

Entrée au Tageblatt en 1977, Danièle Fonck en est rédacteur en chef depuis fin 2004.  (Photo: Olivier Minaire/archives)

Là où le groupe Saint-Paul avait privilégié un changement de génération lors du départ en retraite de Léon Zeches, en janvier 2010 (Paul Lenert, son successeur, n’avait alors «que» 45 ans), son grand rival Editpress a choisi la voie de la continuité.

Alvin Sold, 68 ans (depuis le 28 juin), qui occupait les fonctions de directeur général depuis 2003, passera le relais ce vendredi à Danièle Fonck, 58 ans, qui occupait la direction générale adjointe depuis la même date. Elle sera la première femme à occuper ce poste dans l’histoire du groupe depuis 1913. Le reste du comité de direction ne change pas, avec Roland Kayser et Emmanuel Fleig en tant que directeurs, Francis Wagner et Loriana de Paoli comme directeurs adjoints et Nic Nickels aux fonctions de secrétaire général.

Alvin Sold quitte également ses fonctions de rédacteur en chef du Tageblatt (qu’il occupait depuis… 1974!), laissant là aussi les rênes à la seule Mme Fonck. Il ne sera plus désormais «que» administrateur délégué du groupe Editpress, maison mère du quotidien Tageblatt, des hebdomadaires Le Jeudi, Revue et Luxpost, ainsi que des périodiques Correio, Auto-Revue et Graffiti. Le groupe est également co-éditeur du Quotidien (à parité avec le groupe messin Le Républicain Lorrain) et du gratuit L’essentiel (à parité avec le groupe suisse Tamedia).

Au total, le groupe (qui comprend également, entre autres, l’agence de communication Comed, la régie publicitaire Espace-Régie ou encore la radio Eldoradio) emploie, en septembre 2011, 516 personnes (dont 131 salariés à temps partiel), parmi lesquels 124 journalistes professionnels.

Vers une nouvelle stratégie?

Danièle Fonck est entrée au Tageblatt le 1er février 1977, fraîchement diplômée en journalisme (à Paris), et y a fait ses premières armes au service politique étrangère. Elle est devenue rédactrice en chef adjointe en 1992, puis rédactrice en chef fin 2004. Elle est, en outre, directrice de l'hebdomadaire Le Jeudi. Elle est présentée par le communiqué du groupe Editpress comme «une gestionnaire lucide, combative, convaincante».

Elle fut aussi la première femme – et à ce jour la seule – à accéder aux fonctions de président du conseil de presse (entre 2008 et 2010). Elle y mena à bien la réforme législative de la profession, concrétisée par la publication de la loi du 30 avril 2010.

«Je suis persuadée que la presse luxembourgeoise est une presse de bonne qualité et de bonne tenue», expliquait-elle au Quotidien en juin 2010, au moment de céder sa place de présidente du conseil à Josy Lorent.

Elle se retrouve donc à la tête du deuxième plus gros groupe de presse luxembourgeois, au moment où le paysage médiatique local va subir un certain bouleversement avec la disparition programmée, pour la fin du mois, du quotidien francophone La Voix du Luxembourg, à qui le groupe Saint-Paul a préféré son gratuit Point 24 et ses médias en ligne. Est-ce un prélude à une nouvelle donne? Le succès de L’essentiel, devenu le 2e quotidien le plus lu du pays (derrière le Wort) ne semble pas en mesure de réellement compenser la stagnation, voire la perte de vitesse, des autres médias du groupe Editpress, d’autant plus que la marge de progression du titre gratuit bleu, qui a quasiment atteint son paroxysme par rapport au potentiel de lectorat, paraît limitée.

De là à imaginer qu’Editpress redéfinisse à son tour prochainement sa stratégie, il n’y a qu’un pas que Danièle Fonck saura franchir le moment venu. Ou pas.