Le Luxembourg ne figure pas, pour l’heure, au premier rang des pays engagés dans les technologies liées au transhumanisme. (Photo: Stéphane Masclaux)

Le Luxembourg ne figure pas, pour l’heure, au premier rang des pays engagés dans les technologies liées au transhumanisme. (Photo: Stéphane Masclaux)

Le transhumanisme est un courant de pensée venu tout droit des États-Unis. Il est défini par Luc Ferry comme «la volonté de passer de la médecine thérapeutique classique qui répare le corps à un modèle qui augmente le potentiel humain et permet de lutter contre une loterie génétique injuste».

Des projets de recherche très variés peuvent être rangés sous la bannière du transhumanisme. C’est le cas, par exemple, des prothèses high-tech qui pourraient se substituer aux greffes d’organes que nous connaissons. Des équipes de chercheurs travaillent aux quatre coins du monde pour développer un bras bionique – à l’image du projet Skywalker financé par le ministère américain de la Défense – ou des implants capables de redonner la vue grâce à des caméras miniaturisées connectées au système nerveux.

Une autre voie de recherche concerne les exosquelettes, des structures robotisées qui assistent ou remplacent le squelette humain et les muscles. Trois jeunes Français ont ainsi créé en 2012 Wandercraft, un exosquelette intelligent «à la marche naturelle la plus avancée du monde», qui permet aux personnes paraplégiques et myopathes de recouvrer la capacité de marcher. La jeune pousse a annoncé en septembre 2017 le closing de sa série B de 15 millions d’euros pour accélérer les essais cliniques. La commercialisation du produit est prévue pour cette année. 

Le Luxembourg sur la réserve 

Ces dispositifs médicaux sont pour l’essentiel pensés pour remplacer des organes déficients. On voit néanmoins assez bien les dérives possibles de ces technologies, qu’il s’agisse pour les militaires de créer un super-soldat capable de porter des charges lourdes sur de grandes distances ou pour de riches particuliers de s’offrir un corps amélioré à grand renfort de prothèses robotisées.

Cette facette du transhumanisme pose donc de sérieuses questions éthiques (voir l’interview de Pascal-André Dumont). Le Luxembourg ne figure pas, pour l’heure, au premier rang des pays engagés dans les technologies liées au transhumanisme. Thomas Schoos, chargé de la communication du List (Luxembourg Institute of Science and Technology), admet d’ailleurs que «tous les secteurs de la recherche ne peuvent pas être attaqués. Il faut rentabiliser les forces. Le Luxembourg ne peut pas aujourd’hui se lancer dans ce type de technologies, car il a pris du retard par rapport à d’autres pays historiquement impliqués.» 

Et l’éthique? 

Un nouveau courant du transhumanisme émerge et occupe l’espace médiatique. Il s’agit du posthumanisme prôné par Ray Kurzweil et inculqué aux étudiants de son Université de la singularité financée par Google. L’idée est ici de créer une espèce nouvelle. Cette humanité du futur serait pourvue de «mémoire, d’émotions et d’intelligence stockées sur des disques durs de nouvelle génération». Un premier pas en ce sens a été réalisé avec le projet Brainternet de l’Université Wits à Johannesburg, qui annoncé avoir connecté un cerveau humain à internet. 

Ces avancées posent donc la question de l’éthique. Les nouvelles technologies se développent et les contradictions dans ce domaine sont légion. Elon Musk prenait en 2015 l’initiative d’une lettre ouverte avec plusieurs chercheurs pour s’opposer à l’utilisation des «systèmes d’armes létales autonomes» (Sala), les robots tueurs. Quelques mois plus tard, il ouvrait OpenAI pour mener une réflexion sur les évolutions de l’IA. En avril dernier, Neuralink, fondée par le même entrepreneur, annonçait pourtant «mener des essais de connexion cerveaux-machines sur des animaux». La question est donc posée de savoir si le cadre juridique, protecteur de l’éthique et du bien commun, beaucoup plus lent dans sa réflexion et sa mise en place, pourra assurer son rôle de garant du bien-être du plus grand nombre d’humains.