Il faut une intégration de la ligne de tram Gare-Kirchberg avec d'autres infrastructures ferroviaires. (Photo: GIE Luxtram 2013)

Il faut une intégration de la ligne de tram Gare-Kirchberg avec d'autres infrastructures ferroviaires. (Photo: GIE Luxtram 2013)

Ce fut l’un des derniers actes posés par le gouvernement de Jean-Claude Juncker et le geste était apparu comme une entreprise de séduction de l’électorat, moins d’un mois avant le scrutin anticipé du 20 octobre dernier. Le 29 septembre, le Conseil de gouvernement approuvait le projet de loi relatif à la construction du premier tronçon de la ligne de tram entre la Gare centrale et les Foires internationales au Kirchberg. Outre la construction de la ligne en elle-même, le feu vert portait sur la mise en place d’un centre de remisage et de maintenance, l'acquisition des rames de tramway ainsi que les études liées à ce projet. En tout, le projet portait sur une enveloppe financière de 233,5 millions d’euros, montant correspondant aux deux tiers du montant total de l'investissement. La Ville de Luxembourg financera quant à elle le dernier tiers, soit un peu plus de 115 millions d’euros.

Le Conseil d’État a rendu un avis sur le texte ce mardi 21 janvier, sans toutefois émettre d’opposition formelle. Les Sages doute de la pertinence et de l’efficacité de ce tronçon en termes d’amélioration de la mobilité dans la capitale: «À elle seule», soulignent-ils, «la première phase du concept visant la réalisation du tronçon gare centrale-Kirchberg ne pourra pas résoudre la problématique créée par la circulation intense des voyageurs, notamment professionnels. Sans une intégration, voire une compatibilité entre le réseau du tram léger et les infrastructures ferroviaires et sans extension rapide de ce tronçon vers des gares périphériques, le résultat espéré ne sera pas atteint.»

Déboiser le Grünewald

Le Conseil d’État entrevoit encore un autre problème plus machiavélique: la construction du tram, censé être écologique, risque de causer des dommages sur la nature. Car la construction du centre de remisage et de maintenance des rames de tramway signifiera le déboisement de 6,5 hectares au bord du massif du Grünewald, classé zone spéciale de protection de la nature et des ressources naturelles.

Or, on se souvient du tollé qu’avaient suscitées, à la fin des années 2000 auprès de la population luxembourgeoise, très attachée à ce patrimoine, les intentions de la famille grand-ducale de vendre leur parcelle de forêt du Grünewald. Elle dut d’ailleurs renoncer à la vente de ce qui est considéré par les Luxembourgeois comme faisant partie de leur patrimoine. Ratiboiser une partie du Grünewald et construire un centre de maintenance en zone verte nécessiteront par ailleurs une étude d’évaluation sur les incidences d’un tel projet sur l’environnement.