Aléxis Tsípras annonçant, vendredi soir, la tenue d'un référendum pour choisir ou refuser le plan d'aide européen pour son pays. (Photo: DR)

Aléxis Tsípras annonçant, vendredi soir, la tenue d'un référendum pour choisir ou refuser le plan d'aide européen pour son pays. (Photo: DR)

Le week-end du revirement. Si les négociations menées entre le gouvernement grec d’Aléxis Tsípras et les créanciers de son pays (la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international)  au bord du défaut de paiement en raison d’une gestion financière hasardeuse pendant plusieurs décennies semblaient patiner depuis quelques jours, le week-end qui vient de se dérouler a fait monter le créneau de l’incertitude d’un cran.   

«Un coup de théâtre.» Le terme choisi par le ministre des Finances luxembourgeois convient on ne peut mieux à ce que Pierre Gramegna décrit comme une fermeture de la porte des négociations de la part du Premier ministre grec Aléxis Tsípras, qui a annoncé à 1h20 – heure d’Athènes – la tenue du référendum le 5 juillet.

La BCE garde le contact

L’exercice doit permettre au peuple grec de se prononcer sur le paquet de mesures proposé par la Commission, la BCE et le FMI. Ce qui revient en quelque sorte à placer l’eurozone dans une situation d’instabilité d’ici à la dimanche prochain. Si un Grexit se profilerait davantage en cas de «non» aux mesures proposées, la Banque centrale européenne a décidé dimanche de maintenir Athènes sous perfusion financière au niveau de vendredi, sans le préciser. 

La BCE, par la voix de son président Mario Draghi, déclare agir de concert avec les pays de la zone euro et monitore en permanence la situation des marchés financiers et l’implication potentielle sur la politique monétaire, la balance des risques ainsi que la stabilité des prix.

Pourtant, le Premier ministre grec a annoncé dimanche que les banques de son pays resteraient fermées lundi car la BCE ne maintenait pas des aides suffisantes et qu’un contrôle des capitaux serait mis en place, alors que de nombreux comptes se vident et que les épargnants les plus fortunés font partir leurs avoirs à l’étranger. 

Bataille d’infos

La Commission européenne s’est quant à elle adressée au peuple grec par la voie d’un communiqué, afin de l’informer de la teneur de l’accord qui devait servir de base de discussion à la réunion de l’Eurogroupe de ce samedi.

Une discussion décrite comme la dernière avant un accord mais qui n’a finalement pas eu lieu en raison de l’annonce surprise du référendum.

«Toutes les parties impliquées s’étaient entendues  sur le fait que cette réunion de l’Eurogroupe devait permettre de boucler un accord global pour la Grèce, qui aurait inclus non pas uniquement les mesures adoptées mais aurait aussi couvert les besoins de financement futurs et la stabilité de la dette grecque», ajoute la Commission européenne.

Les responsables de Bruxelles veulent apparemment jouer la carte de la transparence pour que les Grecs disposent des bonnes infos. Cet accord, tenant en une dizaine de pages et couvrant plusieurs aspects de réformes (dont deux volets important en matière de fiscalité et de pensions) a d’ailleurs été rendu public.

«Si une monnaie a une valeur, vous devez alors en payer le prix», avait déclaré Pierre Gramegna récemment lors de la conférence Horizon, en réaction aux postures du gouvernement grec.

À l’époque, une solution pour fin juin était souhaitée. Mais cette échéance n’est plus valable. Le ministre des Finances luxembourgeois qui endosse mercredi la vice-présidence de l’Eurogroupe et la présidence du conseil ecofin doit – comme les autres dirigeants européens  - attendre la réponse des citoyens grecs.

Tant pour Pierre Gramegna que pour l’ensemble du gouvernement luxembourgeois, cette présidence tournante du Conseil de l’Union européenne s’ouvre dans un contexte difficile pour l’Europe, tant du côté de la Grèce que du Brexit éventuel. Sans parler des actes de terrorisme qui concernent l’Europe sur son territoire ou à ses frontières. Il faudra beaucoup de ponts, comme le souhaite Xavier Bettel, pour tenter de rétablir le dialogue dans certains cas et trouver des solutions dans d’autres.