Pas loin de 10 ans après sa mort, Thierry van Werveke reste une figure populaire incontournable. (Photo: Romain Girtgen / CNA)

Pas loin de 10 ans après sa mort, Thierry van Werveke reste une figure populaire incontournable. (Photo: Romain Girtgen / CNA)

Presque 10 ans après sa mort à l’âge de 50 ans le 11 janvier 2009, la personnalité de Thierry van Werveke continue de marquer l’inconscient collectif luxembourgeois. Comédien et musicien, il est devenu une icône nationale, incarnant le rebelle autant que l’artiste écorché vif, une sorte de héros romantique avec ce que cela comporte de fêlures, d’accidents de parcours, mais aussi de succès flamboyants.

«Danielle Meneghetti, la veuve de Thierry, est venue nous trouver avec des caisses de documents et objets», se souvient Paul Lesch, le directeur du CNA et commissaire de l’exposition avec Yves Steichen. Il était assez évident que ces fourmis d’archives allaient s’emparer de ces trésors pour un livre («Thierry van Werveke» par Yves Steichen aux Éditions Saint-Paul) et une exposition.


Paul Lesch et Yves Steichen, les commissaires de l’exposition.

L’exposition est organisée en différentes scènes, qui sont autant d’étapes marquantes de la vie du comédien. Toutes les facettes et tous les contrastes de la personne et de l’artiste nous sont présentés. «L’exposition entend analyser le mythe Thierry, sans ambition de glorification ou de déconstruction», disent les commissaires. Ce n’est pas tout à fait exact: si les passages obscurs de la vie de Thierry (en particulier la drogue et l’alcool) ne sont pas passés sous silence, l’ensemble est quand même très hagiographique.

La scénographie signée Trixi Weis utilise les codes des décors de cinéma et met en scène des dizaines d’objets réels ou répliqués, de très nombreuses interviews récentes, images d’archives, extraits de films, presse de l’époque… C’est parfois un peu littéral et démonstratif, en particulier dans la scène de rue. On aurait aimé un peu plus de recul symbolique et de subtilité, même si l’effort d’utilisation des objets historiques est à souligner.

Que l’on prenne le temps d’écouter les interviews ou qu’on lise simplement les accroches dans chaque pièce (en allemand, la version française est disponible à l’entrée), on apprend beaucoup de choses sur le «Troublemaker», notre «Thierry National».

Né le 23 octobre 1958 à Genève et mort à l’âge de cinquante ans des suites d’une grave maladie, Thierry van Werveke a joué tout au long de sa carrière dans plus de 80 films et téléfilms, a été à l’affiche de dizaines de pièces de théâtre au Luxembourg et à l’étranger, et a enregistré quatre albums studio.

Le cinéma pour changer de vie

Issu d’un milieu bourgeois privilégié, il s’est révolté contre la société durant son adolescence, devenant punk, junkie et sans-abri. Mais après une cure de désintoxication, il reprend sa vie en main et découvre, dans les années 1980, le cinéma, puis la musique et le théâtre

En 1988, Thierry et le réalisateur dudelangeois Andy Bausch, qui noueront une amitié indéfectible tant sur le plan professionnel que privé, se forgent une notoriété nationale grâce à la comédie de gangster «Troublemaker», qui marquera le coup d’envoi de leurs carrières respectives. 

Le rôle culte Johnny Chicago, petit criminel maladroit qui rêve d’un dernier grand coup avant de prendre la fuite aux États-Unis, collera à la peau de Thierry et fera de lui l’emblème de l’anti-establishment, une réputation alimentée aussi par ses concerts de rock nerveux et dynamiques dès la fin des années 1980. 

Au milieu des années 1990, le «Thierry comédien» réussira à s’imposer dans des productions étrangères pour la télévision et le cinéma. Il prouvera sa faculté d’adaptation et sa polyvalence dans des rôles de théâtre ambitieux qui lui vaudront une reconnaissance publique croissante. Avec cette popularité montante, le personnage marginal anticonformiste se muera en icône nationale, symbolisée par le surnom «Thierry National». 

Exposition jusqu’au 31 décembre au Pomhouse du Centre national de l’audiovisuel (CNA), à Dudelange.

Dans le cadre de l’exposition «Thierry!», une projection open air gratuite du film «A wopbobaloobop a lopbamboom» d’Andy Bausch (1989) est proposée ce samedi 14 juillet à 20h30 sur la place de la Commune de Dudelange.