Mario Hirsch (Institut Pierre Werner): «Il faut réfléchir à la régulation, à la gouvernance d’Internet» (Photo: Luc Deflorenne/archives)

Mario Hirsch (Institut Pierre Werner): «Il faut réfléchir à la régulation, à la gouvernance d’Internet» (Photo: Luc Deflorenne/archives)

Monsieur Hirsch, quelle est l’origine des Media Days?

«Il s’agit de la deuxième édition d’un tel événement sur les médias. En 2008, nous avions organisé un colloque de la même ampleur à Paris, dans l’une des quatre tours de la Grande Bibliothèque de France, sur les défis de la numérisation. La manifestation, qui s’inscrivait dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne, avait été un grand succès. Cela nous a encouragés à rééditer cette expérience. En outre, la communication et les technologies de l’information sont un des créneaux où le Luxembourg est très actif. Il faut donc se donner la peine de réfléchir à la régulation, à la gouvernance d’Internet, aux modèles économiques qui vont prévaloir. Le colloque des 18 et 19 traite précisément de ces enjeux.

Comment voyez-vous le paysage médiatique dans cinq ou dix ans? Le papier aura-t-il disparu, à votre avis?

«Non. Je n’irai pas jusque là. Mais on voit déjà que la presse écrite est très présente sur Internet. Les groupes de médias ont compris que c'était incontournable. Au début, ils avaient peur de se cannibaliser eux-mêmes et d’agir au détriment de leurs produits imprimés. Tout le monde est revenu de cette attitude un peu frileuse.

Internet remet-il en cause la qualité du travail journalistique?

«C’est un défi majeur qui n’est pas encore réglé. Beaucoup de gens traitent leur présence sur Internet, comme une espèce de sous-produit ou de produit dérivé de ce qu’ils font sur le papier, à la radio ou à la télé. Or, ce n’est pas suffisant. Il faut que se développe un journalisme d’un genre nouveau. Les contraintes sont différentes. Cela dit, tout le monde peut se proclamer journaliste. Regardez les très nombreuses réactions rédigées par les internautes sur les sites d’informations. Ce n’est certes pas du journalisme, mais c’est une façon de s’exprimer, qui va bien au-delà ce que permettait la presse écrite. Lors des Media Days, nous allons aussi parler des réseaux sociaux. Tout cela n’est pas très rassurant pour les journalistes, qui perdent un peu de leur superbe je dirais. Mais, il faut vivre avec, car ce n’est pas forcément négatif. Cela peut créer une nouvelle dynamique pour mieux associer les utilisateurs avec les moyens de communications.»

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