Les nouvelles technologies ont rapidement transformé les manières de travailler. (Photo: Shutterstock )

Les nouvelles technologies ont rapidement transformé les manières de travailler. (Photo: Shutterstock )

Les TIC (technologies de l’information et de la communication) ont envahi notre quotidien, bousculé nos habitudes, mais aussi nos méthodes de travail. Dans la dernière version de sa newsletter Better Work, la Chambre des salariés du Luxembourg (CSL) livre les résultats d’une étude menée avec l’unité de recherche Inside de l’Uni quant au profil de ceux qui travaillent régulièrement ailleurs qu’au sein de leur entreprise ou de leur service, mais aussi sur l’impact des TIC sur le bien-être au travail.

En préambule, il est rappelé que l’Eurofound (Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail) a défini quatre catégories de salariés. Dont celle des travailleurs qui utilisent fréquemment les TIC pour travailler en dehors du lieu de travail de leur organisation. C’est sur cette catégorie que porte donc l’étude luxembourgeoise. Un concept très en vogue, mais à ne pas confondre avec le télétravail. «Le télétravail – soit le travail à son domicile – est coulé dans un accord-cadre», rappelle à Paperjam David Büchel, psychologue du travail auprès de la CSL. «Ce n’est pas le cas du travail mobile, qui est abordé dans cette étude, et qui n’a pas de cadre légal. Par travail mobile, on entend le fait de travailler régulièrement dans au moins deux lieux différents de son entreprise.» 

Plus dans le public que dans le privé

10,9% des salariés du Luxembourg entrent dans ce groupe, selon les chiffres de l’enquête «Quality of Work 2017» qui ont servi de référence. Ce sont les hommes qui y sont les plus représentés, comme c’est le cas d’ailleurs dans les autres pays européens. Et ceux-ci ont majoritairement entre 25 et 34 ans, un niveau d’études élevé (master). On notera encore que les différences sont minimes selon les pays de résidence. Les Français sont les plus représentés (11,3%) et les Belges les moins (9,8%). Les Luxembourgeois (11,1%) et les Allemands (10,5%) se situent entre les deux.

Ce sont les directeurs, cadres et gérants qui sont les plus concernés par la mobilité, tout comme les professions dites «intellectuelles et scientifiques». Une position hiérarchique élevée favorise aussi cette manière de travailler. Qui est plus fréquente dans les organisations publiques (19,6%) que dans le privé (8,7%). 

27,3% des télétravailleurs travaillent plus de 46 heures par semaine. Et 30% disent être actifs jusqu’à 10 heures de plus par rapport à ce qui est prévu contractuellement par leur employeur.

Plus de burn-out 

Ce profil général semble se traduire ensuite dans la charge psychosociale liée au télétravail. Du côté des désavantages, les utilisateurs fréquents des TIC sont, selon l’étude de la CSL, en moyenne plus concernés par les exigences mentales, les contraintes de temps, la concurrence, le harcèlement moral, la charge émotionnelle et l’équilibre vie de famille/vie professionnelle. Du côté des avantages, ils déclarent disposer d’un plus grand niveau d’autonomie et de participation. De manière assez nette, les travailleurs mobiles réguliers souffrent en moyenne plus de burn-out que les salariés ne se trouvant pas dans leur groupe.

La conclusion générale? L’utilisation plus fréquente des TIC présente des aspects positifs comme négatifs. Ces derniers apparaissent plus souvent quand le travail mobile conduit à devoir prester des heures supplémentaires en des lieux différents. 

«Nous essayons, notamment par des études comme celle-ci, d’attirer l’attention des responsables politiques sur le fait que le travail mobile, qui peut être source de bien-être, peut aussi nuire à celui-ci», conclut David Büchel. «Il est évident que la numérisation entraîne des évolutions dans les manières de travailler. Si on n’encadre pas cela, c’est un peu la porte ouverte à tout, avec les risques qui en découlent. C’est pourquoi nous plaidons pour un cadre légal en ce qui concerne le travail à distance, comme il en existe un pour le télétravail. C’est évidemment une réflexion qui doit s’inscrire dans une certaine durée, notamment, car il faudra dans le même temps réfléchir à un droit à la déconnexion. C’est, selon nous, indispensable.»

La solution sera peut-être de s’inspirer de ce qui se fera «dans d’autres pays européens», car certains ont en effet déjà pris une certaine avance en la matière.