Ca y est! L'UMTS devient donc une réalité palpable au Luxembourg. Si la téléphonie mobile de troisième génération est techniquement au point depuis quelques temps déjà, on attendait avec plus ou moins d'impatience que les opérateurs titulaires d'une licence se manifestent avec des offres concrètes. C'est chose faite depuis cette semaine, avec le "soft launch" annoncée par Tango. Les hostilités peuvent commencer !
Lors de l'attribution des licences, il y a presque un an, le timing prévoyait le lancement des premiers services commerciaux à destination du grand public entre janvier et août 2003. l'Entreprise des P&T avait bien claironné, fin janvier, avoir procédé au premier appel UMTS, mais il s'agissait, en la circonstance, plus d'un effet d'annonce marketing que d'autre chose, puisque les suites commerciales se font toujours attendre.
Son concurrent direct, Tango, moins exposé médiatiquement ? pour une fois ? a joué la carte du travail discret. Arrivé premier lors de l'évaluation des dossiers réalisée par l'Institut luxembourgeois de régulation, l'opérateur avait, certes, dans un premier, annoncé pouvoir être prêt pour le début de cette année, mais avait ensuite du demander ? et obtenu ? une dérogation de six mois de la part de l'ILR. L'opérateur reste donc parfaitement dans les temps avec l'annonce faite, cette semaine, de ce que Pascal Koster, Directeur chez Tango, appelle lui-même un "soft launch".
Il s'agit, concrètement, de limiter le déploiement de l'UMTS à une population de 'friendly-users', ce qui lui permettra de peaufiner aussi bien les aspects technologiques que de contenu: les infos cinéma et culturelles et, de manière plus générale, tout ce qui relève de 'l'infotainment', seront les cibles privilégiées. Il est, par exemple, d'ores et déjà possible d'accéder à 1 heure de contenu 'exclusif', permettant de visionner 1 heure de programme de Tango TV, la petite chaîne qui monte, sur son téléphone portable? À noter, d'ailleurs, que cette possibilité n'est pas limitée aux appareils de type UMTS, mais également utilisables sur des téléphones GPRS comme par exemple le Nokia 3650.
Au commencement, l'UMTS par Tango aura un débit descendant de 384 kbits/s, prévu d'être poussé, dans une seconde phase, à 2 Mbit/s, mais pas avant 2005. Ces capacités excèdent largement la vitesse du GSM, limitée à 14,4 kbits.
Il se profile pour l'opérateur un sérieux allègement de la charge, que quelques chiffres suffisent à comprendre. Il y aurait, aujourd'hui, 20 millions de SMS échangés, avec un taux de croissance significatif! Ceci pour les usages existants, sans compter les nouveaux usages à venir. Ainsi, nombreux parmi les derniers modèles de téléphones mobiles mis en vente sont équipés ? intégrés ou en accessoire ? d'appareils photographiques, les images produites pouvant être alors attachés à un MMS, la nouvelle génération multimédia du bon vieux SMS.
Aujourd'hui, concrètement, l'opérateur dispose de 70 stations UMTS réparties à travers le pays, couvrant près de 70% du territoire et 92% de la population. D'ici à la fin 2004, ces chiffres seront de 120 stations, 92% du territoire et 97% de la population. De plus, le glissement entre l'UMTS, le GPRS et le GSM sera 'transparent' pour l'utilisateur, le téléphone faisant le basculement automatiquement.
A terme, Tango vise, ni plus ni moins, un total basculement du marché des installations 'fixes' vers les 'mobiles'. Aujourd'hui, environ 80% de la population luxembourgeoise possède un téléphone portable (on ne pourra plus dire de 'GSMs'?). Avec la baisse des prix du mobile, celle des coûts d'abonnement, et la tendance observée par de plus en plus de particuliers de ne plus s'équiper 'qu'en mobile', les réseaux GSMs actuels menaçaient, à plus ou moins brève échéance, de se retrouver saturés. On est arrivé aujourd'hui? d'après Tango ? à environ 500 millions de minutes de trafic (sur les lignes fixes, on en est à presque 3 milliards). D'où la sacré bouffée d'oxygène que constitue l'utilisation du réseau de 3e génération.
Etant donné les délais annoncés par Tango pour cette phase que l'on pourrait aussi qualifier de "pré-lancement", on peut imaginer que le le déploiement de l'offre à 'grande échelle' intervienne pour la fin juin. À voir, dès lors, si l'approche des vacances d'été ? fort prisées par les jeunes ? ne risque pas d'être un frein à ce lancement. Et à voir aussi quelle sera la réaction qu'auront les P&T, également détenteurs d'une licence UMTS. C'est surtout de là que devrait venir, dans un premier temps, la riposte, Orange, le 3e acteur, ne semblant pas, pour le moment, avoir de projets encore bien aboutis pour le Luxembourg.