Suzanne Cotter est allée devant les députés pour défendre son programme. (Photo: Mike Zenari / archives)

Suzanne Cotter est allée devant les députés pour défendre son programme. (Photo: Mike Zenari / archives)

«L’invitation était prête avant qu’on ait eu vent du démontage de la Chapelle de Wim Delvoye», explique d’emblée Octavie Modert. L’ancienne ministre de la Culture et députée CSV est, avec son groupe parlementaire, à l’initiative de l’entrevue avec Suzanne Cotter, la directrice du Mudam, arrivée en janvier. «Je pense qu’il était normal de la rencontrer, l’État finançant à 80% le musée. Je voulais aussi lui laisser le temps d’arriver et ce rendez-vous a été proposé trois mois après sa prise de poste.»

Le contexte de crise de communication autour du démantèlement de la Chapelle n’est donc pas lié à cette demande d’explications. Et ce n’était d’ailleurs pas le sujet principal de l’entrevue. 

On sent une très grande ambition dans les projets de Suzanne Cotter et on ne peut que s’en féliciter.

Sam Tanson, députée Déi Gréng

L’ancienne ministre de la Culture, qui est de plus en plus active sur ce terrain au fur et à mesure que les élections approchent, a souligné le parcours international et de haut vol de la directrice et se réjouit de voir un tel profil à la tête de l’institution luxembourgeoise. Cependant, si «elle pose les bonnes questions – le public, la place de la collection –, elle n’apporte que des réponses générales et pas assez précises», au goût de la députée de l’Est. «On sent une très grande ambition dans les projets de Suzanne Cotter et on ne peut que s’en féliciter», estime pour sa part Sam Tanson, députée Déi Gréng. Elle salue particulièrement les efforts qui vont être entrepris en termes de pédagogie et de médiation. Efforts également appréciés par André Bauler (DP), président de la commission parlementaire, qui estime que «la politique ne doit pas se mêler de ses choix artistiques».

La place du privé

Reste la question du budget et de l’apport de mécènes privés à celui-ci. «Madame Cotter nous a indiqué que le budget du Mudam n’était que de 80% de celui de la fondation Serralves, où elle était en poste avant», note Octavie Modert, qui «ne voit pas d’inconvénient à un complément de financement privé, mais pas n’importe comment.»

Plusieurs députés, Marc Baum (Déi Lénk) en tête, s’inquiètent de la mainmise de ces sponsors privés sur la vie culturelle en général et sur le Mudam en particulier. «Même en tant que fondation privée, le Mudam est financé essentiellement par l’État. Il serait regrettable et dangereux qu’il devienne un espace de banquet à louer au plus offrant.» Et le député de la Gauche de s’interroger sur le statut du musée, qui «n’est pas un établissement public».

Je souhaite surtout que le Mudam puisse désormais continuer sereinement et dans le calme à poursuivre ses missions.

Octavie Modert, députée CSV

Tout en regrettant les écueils de communication, Sam Tanson, veut apaiser le jeu. «Laissons une chance à la nouvelle direction et aux équipes de faire évoluer le musée et de lui donner la dimension qu’il mérite. Suzanne Cotter n’est pas là depuis assez longtemps pour lui faire des procès d’intention.»

Même son de cloche chez Octavie Modert: «Je souhaite surtout que le Mudam puisse désormais continuer sereinement et dans le calme à poursuivre ses missions.»