Le bras de fer engagé politique entre Angela Merkel (CDU) et Horst Seehofer (CSU) s’est officiellement achevé lundi soir avec un accord renforçant la lutte contre l’immigration illégale. (Photo: Licence C.C.)

Le bras de fer engagé politique entre Angela Merkel (CDU) et Horst Seehofer (CSU) s’est officiellement achevé lundi soir avec un accord renforçant la lutte contre l’immigration illégale. (Photo: Licence C.C.)

Pour rester au pouvoir, Angela Merkel a accepté, lundi soir, de renoncer définitivement à sa politique migratoire généreuse. Après plusieurs jours de vives tensions avec Horst Seehofer, ministre conservateur bavarois de l’Intérieur, la chancelière a accepté de mettre en place des mesures destinées à «empêcher à l’avenir l’immigration illégale aux frontières entre l’Allemagne et l’Autriche», selon les mots du ministre fédéral, qui salue «un accord très solide, qui correspond à mes idées [et] qui me permet de continuer à diriger le ministère fédéral de l’Intérieur».

Dans les faits, le compromis prévoit qu’à l’avenir, les demandeurs d’asile arrivant en Allemagne, mais déjà enregistrés dans un autre pays de l’UE, soient reconduits dans des «centres de transit» directement à la frontière, et non plus répartis dans des foyers dispersés sur l’ensemble du territoire. En cas de décision négative, ils seront renvoyés dans le pays de l’UE dans lequel ils ont été enregistrés initialement. Généralement la Grèce ou l’Italie. Cependant, ces retours devront être organisés dans le cadre d’accords administratifs avec les pays concernés.

Je ne vais pas me laisser limoger par une chancelière qui n’est chancelière que grâce à moi.

Horst Seehofer, ministre allemand de l’Intérieur (CSU)

Au début des négociations, Horst Seehofer plaidait pour un refoulement de tous les migrants enregistrés dans un autre pays, ce qu’Angela Merkel avait catégoriquement refusé au nom de la cohésion européenne et pour éviter un «effet domino» au sein de l’UE. Cet accord doit théoriquement mettre fin à un bras de fer de plusieurs semaines entre la chancelière chrétienne-démocrate (CDU), au pouvoir depuis près de 13 ans, et son allié conservateur bavarois de la CSU. Mais si le texte doit apaiser la situation au sein de l’exécutif allemand, la position d’Angela Merkel n’en demeure pas moins précaire.

À la tête d’une coalition gouvernementale difficilement mise en place en mars dernier, après six mois de traction avec ses alliés traditionnels bavarois, mais aussi les socialistes du SPD, la chancelière va devoir lutter pour restaurer son autorité. Quelques heures avant l’accord annoncé lundi soir, Horst Seehofer n’avait pas hésité à indiquer «ne pas se laisser limoger par une chancelière qui n’est chancelière que grâce à moi». Une référence au poids de la CSU dans l’actuelle coalition allemande, avant de préciser qu’il n’était pas du genre «à plier» dans les négociations.

Pour rester au pouvoir, Angela Merkel a donc accepté de céder beaucoup de terrain sur la question migratoire, alors même qu’elle avait, en 2015, accepté d’accueillir près d’un million de personnes au plus fort de la crise migratoire. Un revirement qualifié de «tournant de la politique d’asile» allemande par les proches d’Horst Seehofer. Les sondages indiquent pour leur part que les Allemands sont favorables à un durcissement de la politique d’asile, alors que, dans le même temps, la chancelière reste la femme politique la plus populaire, loin devant son ministre de l’Intérieur.