Nicolas Schmit: «Tout cela doit permettre de mieux comprendre le phénomène et d’apporter les réponses adéquates.» (Photo: Julien Becker/archives)

Nicolas Schmit: «Tout cela doit permettre de mieux comprendre le phénomène et d’apporter les réponses adéquates.» (Photo: Julien Becker/archives)

La lutte contre l’absentéisme au travail reste, au Luxembourg et depuis l’introduction du statut unique en 2009, une priorité politique. Mais, pour bien combattre ce phénomène «aux multiples facettes», comme l’a notamment montré le Centre d'Etudes de Populations, de Pauvreté et de Politiques Socio-Economiques (CEPS) dans une de ses récentes publications, il faut d’abord le comprendre.

C’est ce qui a poussé le gouvernement à créer, sur base d’une plate-forme web, l’Observatoire de l’absentéisme. «Nous voulons nous inscrire dans une approche constructive, a expliqué Mars Di Bartolomeo, ministre de la Sécurité sociale. A travers cet observatoire, nous voulons permettre aux entreprises de dresser un diagnostic complet de l’absentéisme auquel chacune est confrontée, d’observer l’évolution du phénomène semaine après semaine et de se comparer aux autres entreprises de leur secteur d’activité.»

Les données du site, relatives à chaque entreprise, basées sur les informations dont dispose le Centre Commun de Sécurité Sociale, doivent permettre d’objectiver plus précisément les causes de l’absentéisme au travail et de mieux identifier les moyens d’y remédier. Ce nouvel outil se veut aussi être un moyen d’échange entre les patrons et les délégués syndicaux. Il doit leur permettre de rechercher, en commun et de manière constructive, les solutions les plus adaptées en vue de mieux maîtriser le phénomène d’absentéisme. «Grâce à ce site, les responsables des entreprises, comme les représentants du personnel disposeront d’indicateurs précis, objectifs et à jour, qui leur permettront de développer une politique globale adéquate, en concertation», a ajouté Mars Di Bartolomeo.

Sur le site Internet de l’Observatoire de l’absentéisme, les employeurs et les représentants du personnel des entreprises de plus de dix salariés pourront consulter leur taux d’absentéisme, avec un délai de trois mois, mais aussi d’autres données intéressantes. Ils disposeront en effet de données objectives relatives à la raison de l’absence – maladie, accident, maternité, raisons familiales, congés d'accompagnement. Le taux d’absentéisme sera ventilé par genre ou par type d’activité (travail manuel ou intellectuel). «Tout cela doit permettre de mieux comprendre le phénomène et d’apporter les réponses adéquates. Informer les dirigeants, comme les salariés du taux d’absentéisme, de ses conséquences, c’est déjà les responsabiliser», a précisé Nicolas Schmit, ministre du Travail.

Le Luxembourg performant

L’absentéisme au travail reste un dossier sensible, même si le phénomène au Luxembourg est moins important qu’en Belgique ou qu’en Allemagne. Au Grand-Duché, le taux moyen d’absentéisme au travail dans le secteur privé s’élevait à 3,4% en 2010. Il était de 5,68% en Belgique, et de 4,8% en Allemagne. L’Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS) ne disposant pas de chiffres suffisamment récents, elle n’a pas pu établir de comparaison avec la situation française. En 2009, toutefois, le taux d’absentéisme moyen au Luxembourg s’élevait à 3,3% (-0,1%).

«La hausse de l’absentéisme reste difficile à expliquer. Plusieurs éléments, parmi lesquels la crise et l’introduction du statut unique sont supposées avoir eu un effet sur le taux d’absentéisme, dans certains cas à la hausse, dans d’autres à la baisse, a expliqué Thierry Mazoyer, de l’IGSS. Toutefois, le passage du taux à 3,4% constitue une nette amélioration par rapport aux estimations de l’automne dernier. A ce moment, le taux 2010 était estimé à 3,6%.» Ce résultat «positif» est essentiellement dû à une forte inflexion vers le bas du taux d’absentéisme en novembre 2010.

L’absentéisme pèse sur la compétitivité d’une entreprise, comme sur celle de l’économie. Parce que les facettes du phénomène sont multiples, et que les causes peuvent varier d’une entreprise à l’autre, les réponses à y apporter doivent être adaptées. Et c’est au cœur de l’entreprise qu’elles doivent être trouvées.