Le fret ferroviaire a de belles cartes à jouer, en complément de la route, souvent plus lente, notamment vers les pays de l’Est. (Photo: CFL Cargo)

Le fret ferroviaire a de belles cartes à jouer, en complément de la route, souvent plus lente, notamment vers les pays de l’Est. (Photo: CFL Cargo)

Avec la logistique qui a le vent officiel en poupe et avec les opportunités de marché qui peuvent s’agrandir à mesure que le temps de transport diminue, le Luxembourg étudie la possibilité de lancer une connexion rail-route beaucoup plus directe avec la Pologne.

En fait, l’hypothèse mettrait cette nouvelle liaison en connexion avec la ligne existante vers le sud de l’Europe (la frontière franco-espagnole, à Le Boulou) et, de l’autre côté, se tournerait directement vers Poznan et Varsovie. Le temps de transport du fret, dans une optique multimodale, s’en trouverait réduit de moitié.

Dribbler la route

«Un tel développement serait une étape majeure. Aujourd’hui, la majorité des biens sont encore envoyés vers la Pologne par les routes. Outre les considérations environnementales, cela prend deux jours de Luxembourg, près de quatre jours depuis Barcelone. L'introduction d'une liaison ferroviaire pourrait être la solution», selon Alain Krecké, senior manager du cluster logistique.

Le Luxembourg Cluster for Logistics rappelle en effet que «la position géographique de Luxembourg en fait un carrefour stratégique pour le transport de fret en Europe». Le pays a déjà mis en place des liaisons ferroviaires efficaces avec l'Allemagne, l'Italie, la France ou l'Espagne. «Ainsi, le temps de transport de Luxembourg à Barcelone a été considérablement réduit, par rapport aux liaisons routières. Il est évident qu’un élément crucial pour les entreprises, c’est le ratio de coût et de temps pour le transport. C'est pourquoi nous nous attendons à un intérêt significatif des partenaires polonais», ajoute Alain Krecké.

Répondre aux besoins

Le sujet ne tombe pas de nulle part. Et les premières mesures et décisions ont déjà été prises. Sous l’égide notamment du Luxembourg-Poland Business Club, de l’Ambassade de Pologne à Luxembourg et du consultant Deloitte, une conférence a exploré le sujet, avec des représentants des deux pays. Selon Jacek Neska, directeur exécutif PKP Cargo, gros affréteur polonais qui se positionne en deuxième place européenne, le projet est plein de perspectives.

Il «répond aux besoins dans les tendances actuelles du fret ferroviaire européen», dit-il dans un communiqué du cluster luxembourgeois.

PKP Cargo a, entre autres, mené ces dernières années des investissements stratégiques visant le développement du fret ferroviaire entre l'Europe occidentale et le versant oriental, notamment la Russie. PKP Cargo est partenaire de gros terminaux, à la frontière entre Pologne et Biélorussie, ou encore d’une plateforme intermodale à Poznan. Une liaison avec le Luxembourg donnerait une nouvelle dimension à ce réseau de connexions, ouvert vers le sud via le carrefour grand-ducal.

Capacités multipliées

De son côté, le cluster luxembourgeois souligne la volonté de diversification de l’économie luxembourgeoise et les efforts des gouvernements en ce sens, par le biais notamment des investissements réguliers dans le développement des infrastructures. «En 2015, la capacité rail-route du pays va se multiplier par quatre», souligne Alain Krecké, qui cite le développement du nœud intermodal de Bettembourg ou les désengorgements routiers anticipés par les projets de voies supplémentaires, notamment vers la France.

La coopération stratégique avec la Pologne serait «juste une question de décider des priorités et de trouver des financements», conclut Alain Krecké. «De notre côté, les intentions sont claires et des décisions ont déjà été prises.»