Un clin d’œil à la série Kritzel de Charles Wennig, artiste présent à la partie Off de la Luxembourg Art Week. (Photo: Charles Wennig)

Un clin d’œil à la série Kritzel de Charles Wennig, artiste présent à la partie Off de la Luxembourg Art Week. (Photo: Charles Wennig)

Monsieur Bern, comment s’y prendre pour présenter un pays à des lecteurs qui ne le connaissent pas forcément?

«Le livre est en quelque sorte une promenade amoureuse. Il est structuré en deux parties. La première se concentre sur la capitale et reprend le circuit que j’effectuais lorsque je rendais visite à mes grands-parents, de leur maison à Belair jusqu’à la ville haute en passant par le Grund. La deuxième partie propose une promenade dans le reste du pays. Je me suis laissé guider par mes souvenirs en m’appuyant sur les photos de Guillaume de Laubier avec qui nous avions déjà fait un reportage il y a quelques années. Je pense qu’on ne guérit jamais de son enfance, chaque enfant a un royaume enchanté. Mes grands-parents maternels luxembourgeois me laissent un souvenir merveilleux, d’où mon amour immodéré pour le Luxembourg. Et chaque fois que mon pays est attaqué, je mords.

Le seul vrai secret caché du Luxembourg est sa beauté, la richesse de son patrimoine historique, son audace architecturale aussi… Le livre est un caléidoscope assez riche et varié de ce que le Luxembourg a toujours été et de ce qu’il est redevenu. Nous l’avons complété par un carnet de bonnes adresses et l’agenda de toutes les manifestations et fêtes locales, avec la collaboration d’Isabelle Faber. C’est une sorte de participation au nation branding, même si on ne m’a rien demandé.

Le pays qui est encore, de temps à autre, une cible vue de l’extérieur…

«Comme si le Luxembourg était encore une lessiveuse d’argent sale... Le Luxembourg a évolué sur le plan de la transparence fiscale. Je suis d’ailleurs le seul Luxembourgeois qui travaille en France et qui paie ses impôts en France (rires). Nous devons démonter les clichés sur le Luxembourg en montrant le pays tel qu’il est. J’ai récemment effectué un reportage pour Le Figaro et nous avons rencontré à cette occasion un couple de Français à Vianden qui nous disait combien le pays était beau et s’étonnait qu’il soit si méconnu. C’est d’ailleurs le château de Vianden qui figure sur la photo du livre. Nous nous y sommes rendus en reportage avec RTL Lëtzebuerg. La journaliste qui m’accompagnait ne s’y était jamais rendue et a aussi découvert la beauté du site à cette occasion. Les bras m’en sont tombés. Il faut que les habitants du pays en soient ses premiers ambassadeurs.

Quand j’entends du bashing à propos du Luxembourg, je dis ‘faites pareil, au lieu de jalouser le pays’.

Stéphane Bern

Les lecteurs vous verront donc plus souvent au Luxembourg à la faveur de l’acquisition d’un bien immobilier dans la capitale?

«J’ai toujours eu une maison de famille à Luxembourg. J’ai besoin d’un port d’attache depuis que j’ai perdu ma grand-mère. D’où l’idée de l’acquisition de cette petite maison à Bonnevoie. J’ai besoin d’être du Luxembourg. Ceci dit, je pense qu’il faut rester humble. Le reproche que l’on peut me faire est de sublimer le Luxembourg en raison de la distance. En y venant plus régulièrement, je pourrai mieux appréhender la vie au quotidien. Et puis j’ai la chance de connaître les membres du gouvernement, la famille souveraine. Je reviens ce mois pour présenter le bal de la Croix-Rouge, pour présenter mon livre et puis à l’occasion de l’ouverture de la boutique de mon ami Christian Louboutin en ville.

Vue aussi de l’extérieur, quelle est votre perception quant à l’évolution du Luxembourg sur le plan économique?

«La France est un navire-amiral. Au moment où vous décidez de faire machine arrière ou de virer de bord, cela prend un laps de temps tellement long que souvent les réformes ne se font pas. Au Luxembourg, vous manœuvrez plus facilement. Je suis de la génération de la minette, je me souviens que les laminoirs fonctionnaient à plein régime durant ma jeunesse et de l’odeur caractéristique lorsque nous passions la frontière en venant de la région de Nancy avec mes parents. Depuis, le Luxembourg s’est adapté à chaque révolution industrielle. Quand j’entends du bashing à propos du Luxembourg, je dis ‘faites pareil, au lieu de jalouser le pays’.

Le gouvernement a récemment lancé une nouvelle signature pour le pays. Qu’est-ce que cela vous inspire?

«Le vrai problème est le complexe d’infériorité du Luxembourg. On veut faire du nation branding mais il ne fallait pas dépenser un million d’euros, simplement dire aux gens de venir voir la réalité. C’est ce que je veux proposer dans mon livre. Je note par ailleurs que chaque fois que je vais en tournage à l’étranger, les gens connaissent le nom de la famille grand-ducale. Ce sont de bons ambassadeurs et j’ai parfois l’impression qu’ils sont laissés de côté dans le processus de nation branding, ce qui m’étonne un peu.

Tous mes copains acteurs sont aussi agréablement surpris lors d’un tournage de film au Luxembourg, grâce au cadre légal attrayant pour attirer des réalisateurs de films. C’est très intelligent. J’avais dit au président François Hollande lors de sa visite au Grand-Duché que l’on n’attrape pas des mouches avec du vinaigre. Si un pays comme la France veut être attractif, alors il faut faire des règles pour le rendre attractif.»

«Mon Luxembourg», aux Éditions Flammarion