Pour le Bureau international du Travail (BIT), prester une heure met une personne dans le statut «emploi ». (Photo : Cent par trois)

Pour le Bureau international du Travail (BIT), prester une heure met une personne dans le statut «emploi ». (Photo : Cent par trois)

Le marché de l’emploi peut s’éclairer à différentes lumières. Dans une étude, le Statec évoque le « halo du chômage », qui est constitué par « deux zones grises, entre le chômage et l’inactivité, et entre le chômage et l’emploi ». La première comprend des personnes inactives qui, sans être considérées comme étant des chômeurs, au sens des définitions du Bureau international du travail (BIT), gardent un lien avec le marché du travail. La deuxième englobe des personnes qui ont un emploi à temps partiel mais qui souhaitent travailler davantage.

Et cela peut tout changer ! En 2011, le taux de chômage, au sens du BIT, a été de 5,1 % au Luxembourg. En tenant compte de la force de travail potentielle, le taux passerait à 10 % !

L’emploi et l’inactivité

Pour être chômeur au sens du BIT, un individu ne doit pas avoir travaillé, ne serait-ce qu’une heure, durant la semaine de référence. Il doit être disponible pour un emploi dans un délai de deux semaines et être activement à la recherche d'un travail. À côté du chômage, le BIT prévoit deux cases : travailler une heure met une personne dans le statut « emploi » ; sans emploi, sans disponibilité et sans quête de boulot, la personne devient « inactive ».

Un chômeur partiel, cela n’existe pas pour le BIT. Une personne qui cherche du travail mais n’est pas disponible pour commencer dans le délai de 15 jours est « inactive », alors que, en prospectant, elle participe à la dynamique du marché du travail.

Un groupe de travail, à Eurostat, essaie de remédier aux failles en imaginant des indicateurs complémentaires : les personnes employées à temps partiel qui souhaitent travailler davantage, les personnes en recherche d’emploi sans être immédiatement disponibles, et les personnes disponibles mais qui ne cherchent pas… Ces deux derniers groupes forment donc la « force de travail potentielle ».

Ceux qui ne cherchent pas

Au Luxembourg, le Statec note que la population en âge de travailler – 391.637 personnes entre 15 et 74 ans, en 2011 – est en progression de 2,4 % en un an. Dans le même temps, l’emploi a progressé de 1,1 %, pour concerner 225.409 personnes en 2011. Parmi elles, 3.764 personnes sont considérées comme étant en sous-emploi.

Si on prend les critères BIT, le nombre de chômeurs (12.171 en 2011) a augmenté de 18 % entre 2010 et 2011. La « force de travail potentielle » a aussi augmenté, de quelque 6 %, pour atteindre 12.863 personnes en 2011. Selon le Statec, dans ce groupe, « 11.683 personnes sont disponibles pour travailler mais ne recherchent pas activement un emploi. Il s’agit là de chômeurs découragés, qui ont arrêté la recherche active, ou de personnes qui sont empêchées dans la recherche active d’un emploi pour des raisons familiales ou personnelles. » Restent 1.180 personnes, qui déclarent rechercher un emploi, mais ne sont pas disponibles pour commencer à travailler dans les deux semaines.

En tenant compte de la force de travail potentielle, le taux de chômage passe effectivement de 5,1 % (en moyenne annuelle BIT) à 10 % !

Perception et comparaison

Cela démontre aussi que, entre les appellations et les chiffres, il y a la perception que l’on peut en avoir… Le Statec fait part d’une enquête menée auprès des personnes en âge de travailler. Il ressort que, parmi les personnes considérées en sous-emploi, 81 % déclarent être en emploi ; 52 % des chômeurs (au sens du BIT) se considèrent comme étant au chômage et 23 % d’entre eux indiquent le travail domestique comme activité. On retrouve d’ailleurs, dans cette population, des étudiants, des retraités… Le Statec en arrive notamment à la conclusion que, au Luxembourg, « un chômeur BIT sur trois se passe des services de l’Adem ».

Halo des chiffres, flou artistique, lumière crue ? Il reste alors à comparer avec les voisins, un exercice souvent salutaire au Luxembourg. Si le sous-emploi représente 1,7 % de l’emploi national au Luxembourg, la moyenne des 27 pays membres de l’UE s’établit à 4 %. À cette aune, la Belgique (0,8 %) et les Pays-Bas (1,4 %) ont des taux plus faibles que le Luxembourg. La France (4,4 %) et l’Allemagne (5 %) affichent en revanche un taux supérieur à la moyenne.