Ignorant la méthodologie de BCG, l'ABBL n'explique pas la différence de volume d'actifs.  (Photo: Maison Moderne Studio)

Ignorant la méthodologie de BCG, l'ABBL n'explique pas la différence de volume d'actifs.  (Photo: Maison Moderne Studio)

Le cabinet international de conseil en stratégie Boston Consulting Group vient de livrer l’édition 2014 de son Global Wealth Report, dans lequel sont traditionnellement mises en perspectives les fortunes privées mondiales et leur gestion. Dans ce paysage global, les actifs offshore (c’est-à-dire des actifs gérés dans un pays où leur propriétaire n’a pas élu résidence) augmentent, mais semblent parallèlement quitter l’Europe occidentale. La Suisse et le Luxembourg sont pour l’instant épargnés par le mouvement de retrait.

En effet, la richesse financière privée a crû plus vite en 2013 qu’en 2012, à savoir de 14,6% contre 8,7%, pour atteindre un total de 152 trillions (milliers de milliards) de dollars, et les centres financiers internationaux, comme Singapour et Hong Kong, en profitent allègrement, puisque la croissance annuelle moyenne de leurs actifs non domestiques sous gestion s’élève respectivement à 10,2 et 11,3%.

L’échange automatique neutralisé?

En revanche, l’Europe occidentale voit ses avoirs offshore reculer sensiblement: de 4% de fin 2012 à fin 2013. Ils passent ainsi de 2.700 à 2.600 milliards de dollars (selon les chiffres arrondis du rapport). BCG explique ce «rapatriement» (légèrement visible en Amérique du Nord également) par des mesures répressives à l’égard de ceux qui tentent d’éviter l’impôt.

Face à ce phénomène, les banques privées des centres financiers offshore ont revu leur portefeuille client. «Certaines ont acheté les affaires de leurs concurrents quand d’autres ont abandonné certains marchés pour se focaliser sur des segments de clientèle élevés, les HNW et UHNW», expliquent les consultants.

De cette manière, les banques privées suisses ou luxembourgeoises paraissent éviter l’écueil de l’échange automatique d’informations fiscales. Les actifs de clients non résidents n’y ont, selon les chiffres de BCG, pas baissé en 2013. Ils passent, sur un an, de 2,2 à 2,3 trillions de dollars en Suisse et stagnent à 600 milliards au Luxembourg (selon les chiffres de l’ABBL, les actifs sous gestion des banques privées luxembourgeoises s’élevaient à 305 milliards fin 2012 et 19% appartenaient à la clientèle luxembourgeoise).

À Londres, le volume augmente sensiblement de 900 millions à 1 milliard de dollars. Il stagne dans les îles anglo-normandes et Dublin (classées dans la même catégorie) autour de 1,1 milliard de dollars.

Europe offshore et onshore

Le cabinet fait également état de quelques modèles bancaires suivis internationalement. «La clé du succès», indique-t-il, «consiste à différencier clairement les produits et les niveaux de services par marché et par segment de clientèle. Pour les marchés 'core' et en développement rapide, un service intégral incluant des produits sur mesure (y compris de l’optimisation fiscale) doit être mis à disposition. Des services standards doivent être offerts aux autres marchés et segments de clientèle», lit-on encore dans le rapport.

Deux modèles bancaires européens y sont d’ailleurs apposés: offshore Europe et onshore Europe. Le premier concerne des banques segmentant produits et services par région géographique, hors du Vieux Continent. Le second fait état d’une tendance des établissements à regrouper leurs clients dans des segments pour lesquels ils pourront constituer une offre globale et atteindre, du même coup, des rendements d’échelle.