«Nous avons complètement réadapté nos processus d’onboarding, d’analyse de risques et de compliance par rapport aux besoins très spécifiques des fintech», explique Pierre-Olivier Rotheval, head of marketing & innovation de la Bil. (Photo: BIL)

«Nous avons complètement réadapté nos processus d’onboarding, d’analyse de risques et de compliance par rapport aux besoins très spécifiques des fintech», explique Pierre-Olivier Rotheval, head of marketing & innovation de la Bil. (Photo: BIL)

Pourquoi la Bil a-t-elle décidé de sponsoriser un événement comme Pitch Your Startup?

«C’est un positionnement intéressant pour nous, parce qu’il s’agit d’un concours qui attire beaucoup de start-up étrangères. Or, nous nous sommes toujours inscrits dans la stratégie du gouvernement qui est d’offrir aux jeunes pousses une base arrière pour leur développement européen depuis le Luxembourg.

Nous voyons donc là une très belle opportunité, à la fois pour découvrir des pépites qu’on pourrait aider à se développer et pour donner de la visibilité à des start-up locales. Cette initiative mérite d’être soutenue, car elle offre la visibilité dont l’écosystème a besoin.

Justement, quelle relation la Bil entretient-elle avec cet écosystème?

«Il y a un peu plus de deux ans, le gouvernement s’est engagé de manière très volontariste dans le développement de l’innovation pour diversifier l’économie luxembourgeoise. Mais pour que cela fonctionne, il fallait que chaque acteur joue son rôle. En parallèle aux questions de l’hébergement et de l’accompagnement, il y avait un grand besoin de financement et donc d’une banque partenaire.

L’une des premières préoccupations pour une start-up est d’ouvrir des comptes. C’est quelque chose de basique, mais il est assez complexe au Luxembourg de trouver des banques qui acceptent de le faire.

Nous sommes la seule banque à s’être impliquée dans le fonds d’amorçage public Digital Tech Fund.

Pierre-Olivier Rotheval, head of marketing & innovation à la Bil

L’autre aspect impliquant les banques est celui du financement. Nous avons été la première banque à proposer des prêts pour sociétés innovantes, dans le cadre d’un partenariat avec le Fonds européen d’investissement. En deux ans, nous avons déjà distribué 42 millions d’euros de prêts au Luxembourg et en Grande Région, et financé 55 entreprises, dont 45 start-up.

Nous sommes également la seule banque à s’être impliquée dans le fonds d’amorçage public Digital Tech Fund. Pour nous, il s’agit donc de jouer notre rôle de banquier, tout simplement.

Vous n’avez jamais pensé à créer votre propre incubateur ou lancer votre propre concours?

«Nous nous sommes posé la question à une époque, car nous étions en position de le faire. Mais d’après notre analyse, les mètres carrés ne manquent pas, surtout avec l’arrivée de la House of Start-ups et du Luxembourg City Incubator.

Nous ne voulions pas jouer un rôle d’agence immobilière.

Pierre-Olivier Rotheval, head of marketing & innovation à la Bil

Nous sommes donc arrivés à la conclusion que nous rendrions un meilleur service en soutenant les incubateurs existants plutôt qu’en en créant un nouveau. Et puis, nous ne voulions pas jouer un rôle d’agence immobilière en mettant à disposition des espaces de bureaux avec le logo Bil dessus. Soutenir des gens comme Diego De Biasio (CEO du Technoport, ndlr) nous semblait bien plus pertinent.

Concernant les fintech, la Bil adopte-t-elle une stratégie spécifique?

«Les fintech sont des start-up comme les autres, avec la spécificité, tout de même, de manipuler des fonds qui proviennent de clients. Elles ont donc des besoins bancaires très particuliers.

Il y a deux ans, aucune banque ou presque ne voulait ouvrir de compte pour ces fintech. Nous avons été l’une des premières banques à le proposer. Pour cela, nous avons complètement réadapté nos processus d’onboarding, d’analyse de risques et de compliance par rapport aux besoins très spécifiques des fintech.

Nous sommes en discussion avec plusieurs jeunes pousses sur notre stratégie d’open banking.

Pierre-Olivier Rotheval, head of marketing & innovation à la Bil

En parallèle, nous observons bien évidemment les nouvelles solutions proposées qui peuvent complémenter notre proposition de valeur. Nous avons eu un premier exemple de collaboration avec Nexvia, qui propose des simulations très poussées dans l’immobilier.

Depuis un peu plus d’un an, nous utilisons sa technologie pour un site internet dédié à l’immobilier baptisé MyHome, que nous proposons à nos clients. En ce moment, nous travaillons sur notre stratégie d’open banking et nous sommes en discussion avec plusieurs jeunes pousses.

Votre stratégie est donc de collaborer plutôt que de racheter?

«Vous savez, la plupart des fintech que nous avons rencontrées ne cherchent pas à se faire racheter. Elles recherchent des partenariats. Elles ont des idées, nous avons des clients. Je pense que la vieille image de la concurrence entre fintech et banques est aujourd’hui dépassée.

La différence de culture organisationnelle entre des jeunes pousses et une banque historique comme la Bil n’est-elle pas difficile par moment?

«Avant, des entreprises comme nous demandaient aux start-up de s’adapter. Aujourd’hui, le virage digital que nous sommes en train de prendre nous amène à revoir complètement notre mode d’organisation. La Bil est en train de s’engager depuis plus d’un an dans des modes de fonctionnement plus agiles. Et depuis que nous avons engagé notre mue, le dialogue est plus facile!»