Socimmo emploie quelque 470 personnes. L’Etat assure qu’il mettra tout en œuvre pour adoucir l’impact social et humain. (Photo: LCGB)

Socimmo emploie quelque 470 personnes. L’Etat assure qu’il mettra tout en œuvre pour adoucir l’impact social et humain. (Photo: LCGB)

Cela fait des semaines que le front commun syndical s’inquiète des sérieuses difficultés rencontrées par la société de construction Socimmo, à Ellange. Ce jeudi matin, la manifestation devant le ministère de l’Economie avait des allures, au mieux de symbole, au pire de chant du cygne.

Socimmo a derrière elle une longue histoire, commencée en 1968 avec une dizaine de personnes. La société s’est développée en axant sur le gros œuvre et sur la construction de résidences et bâtiments issus de la promotion immobilière. Le site web propose d’ailleurs toujours des biens résidentiels dans le pays.

Plus de liquidités

Mais si les biens et même le travail ne manquent pas, ce sont les liquidités qui font défaut. Les salaires ne sont plus payés et les ardoises sont lourdes. Selon les syndicats LCGB et OGBL, il resterait pourtant environ 4 millions d’euros à percevoir de la part de clients! Mais la survie de l’entreprise passe par une éventuelle rallonge accordée par les banques. Lesquelles, pour garantir un prêt a priori nécessaire pour faire face aux obligations urgentes de la société, exigent quelque 600.000 euros en apport.

Pour l’heure, c’est clairement la cessation de paiement. Une forme de faillite virtuelle qui, faute de trouver une solution dans l’urgence, mènerait droit à la faillite tout court. Et au séisme pour les 470 salariés de l’entreprise.

Un plan de redressement crédible

Dans une réaction officielle diffusée ce jeudi matin par voie de communiqué, le ministère de l’Economie précise que «le gouvernement a été informé récemment de la situation financière précaire de la société Socimmo Construction». Suite à ces informations et sur demande des syndicats OGBL et LCGB, une première rencontre avec les dirigeants de l’entreprise a eu lieu au ministère, il y a une semaine, suivie d’une seconde, sur le site de l’entreprise, lundi dernier encore.

Selon les informations recueillies lors de ces réunions avec les responsables, assistés de leur réviseur, il apparaît, note le communiqué, que Socimmo «ait encaissé des pertes substantielles en 2010 et au cours du premier semestre 2011», entraînant «des difficultés financières et de trésorerie substantielles. Il s’est avéré que les propriétaires-dirigeants de l’entreprise sont en discussions avec leurs banquiers déjà depuis plusieurs mois.»

Dans ce contexte, le ministère relève «qu’il appartient en premier lieu aux propriétaires de témoigner de leur confiance dans l’entreprise par la mobilisation de ressources financières additionnelles et par l’établissement d’un plan de redressement crédible qui puissent trouver l’assentiment des banques.»

Ni débiteur, ni créancier

L’Etat peut-il venir en aide à l’entreprise, comme le suggèrent les syndicats? Le gouvernement se dit impuissant, avec une relative fermeté dans le propos. «Le gouvernement, par le biais des services du ministère de l’Economie et du Commerce extérieur, a mobilisé dans l’urgence ses ressources pour réunir les faits saillants et élaborer une ébauche de plan de redressement. Ces efforts n’ont malheureusement pas abouti à identifier des pistes nouvelles qui auraient permis de se rapprocher d’une solution.»

Les services de l’Etat se sont aussi assurés que «toutes les factures dues à la société dans le cadre de travaux publics ont été payées dans les délais». Et le gouvernement constate que le centre commun de la sécurité sociale «n’est pas à l’origine d’une assignation en faillite, bien que les arriérés en la matière ne soient pas négligeables».

Sur le fond, le gouvernement tient à préciser que «l’entreprise relève d’un secteur hautement concurrentiel et nullement en crise. Les difficultés de l’entreprise ne se limitent pas à la seule exigence d’une garantie supplémentaire de 600.000 euros, mais nécessitent à court terme des moyens financiers nettement plus substantiels pour redresser la situation. Le gouvernement ne dispose pas d’instruments lui permettant d’intervenir pour assurer la pérennité de l’entreprise. Ceci a d’ailleurs été signalé aux dirigeants et aux syndicats. Le projet de loi instituant un régime temporaire de garantie en vue du redressement économique ne s’appliquerait pas dans le cas présent.»

Le gouvernement assure qu’il «mettra en œuvre tous les instruments à sa disposition pour atténuer l’impact sur les salariés de l’entreprise».