Georges Mischo (CSV) a créé la surprise en devenant bourgmestre d’Esch après le scrutin du mois d’octobre. Sa coalition avec Déi Gréng et le DP veut se concentrer sur les écoles et l’artisanat. (Photo: Mike Zenari)

Georges Mischo (CSV) a créé la surprise en devenant bourgmestre d’Esch après le scrutin du mois d’octobre. Sa coalition avec Déi Gréng et le DP veut se concentrer sur les écoles et l’artisanat. (Photo: Mike Zenari)

Monsieur Mischo, vous avez dit que vous étiez surpris de votre victoire à Esch. Comment expliquez-vous la déroute du LSAP à Esch? Qu’est-ce qui n’allait pas dans votre ville?

«J’étais surpris en effet. Le point de départ n’était bel et bien pas en notre faveur. Le LSAP avait 9 mandats et le CSV n’en avait que 4. Ainsi, nous ne pouvions pas revendiquer le mandat de bourgmestre. Notre objectif était d’atteindre déjà un cinquième mandat.

Ce que nous avons constaté pendant notre campagne électorale, c’est que non seulement nos sympathisants demandaient un changement, mais d’autres concitoyens commençaient à nous dire que ça ne pourrait plus continuer comme cela et qu’ils en avaient marre. Il y avait un certain ras-le-bol.

De nombreux Eschois estiment qu’il y a eu beaucoup de mesures dans le social, mais pas grand-chose pour la collectivité.

Mais qu’est-ce qui allait donc de travers, concrètement?

«En fait, nous partagions l’avis du public que Esch, en tant que deuxième ville du pays, doit prendre ses responsabilités dans le domaine du social et nous l’avons toujours soutenu. Le CSV a toujours soutenu ces projets, car dans CSV il y a aussi le ‘S’ (pour ‘Sozial’). Quand je lis dans le Tageblatt que ‘la politique sociale à Esch, c’est fini maintenant’, je réponds: ‘certainement pas’. Nous allons bien entendu continuer les projets que nous avons entamés.

En revanche, nous n’allons pas démarrer de nouveaux grands projets sociaux dans un premier temps. Nous avons l’‘Abrisud’ (foyer de nuit), avant le ‘quai Neudorf’ (structure d’accueil pour demandeurs de protection internationale) nous avions déjà accueilli 80 à 90 réfugiés dont personne n’avait entendu parler, nous allons avoir une ‘Fixerstuff’ (accueil pour toxicomanes)… Tous des projets que nous avons soutenus, mais maintenant ça suffit.

Nos communes voisines qui grandissent aussi sourient quand nous développons de nouveaux grands projets sociaux. Il ne faut pas oublier les Eschois qui aiment vivre ici et qui veulent qu’on s’occupe aussi d’eux. Il ne s’agit pas d’organiser des fêtes chaque semaine, mais il faut penser à eux aussi.

Nous sommes sans doute la seule ville au Luxembourg qui n’a pas de centre culturel.

Georges Mischo, bourgmestre d’Esch-sur-Alzette

Vous dites ne plus vouloir lancer de nouveaux grands projets sociaux. Quels autres projets ou mesures la coalition CSV-Déi Gréng-DP veut-elle alors lancer pour la collectivité, tout de suite et à long terme?

«Ce que nous allons faire tout de suite, c’est construire de nouvelles écoles. Je pense à celle de ‘Wobrécken’ et ‘Op de Kläppen’. Les données nous indiquent que nous avons besoin de ces écoles et nous voulons donc accélérer leur réalisation. Par ailleurs, nous voulons rénover les écoles existantes, car après tout, les écoles sont l’avenir d’Esch. Ce sont les enfants qui devront grandir dans des infrastructures modernes. L’école comme je l’ai connue n’avait pas encore les mêmes exigences, car c’était une autre époque. Nous devons assurer maintenant que nos enfants n’auront pas un retard par rapport aux autres villes et par rapport à l’étranger.

Ensuite, nous devons mettre à disposition de nos clubs et associations des locaux dignes de ce siècle. Je pense notamment à mon dada: une nouvelle salle sportive. Celle que nous avons date de 1975, se dégrade, et elle est déjà dans un état lamentable. Il nous faut une nouvelle salle. Or, depuis octobre 2014, le projet traîne dans les tiroirs (tandis que la salle existante à Lallange devrait être rénovée, une nouvelle salle est censée voir le jour dans le parc Lankelz, nldr).

Il en va de même en ce qui concerne un centre culturel. Il nous en faut un. Nous sommes sans doute la seule ville au Luxembourg qui n’a pas de centre culturel, alors que nous sommes parmi les villes qui comptent le plus d’associations dans ce domaine.

Bien évidemment, il faudra régler la circulation et le logement. Il faut faire quelque chose pour attirer les jeunes. Nous devons travailler avec le fonds du logement et la Société nationale des habitations à bon marché et il faudra introduire plus de locatif dans les nouveaux plans d’aménagement particuliers.

Esch a toujours été une ville d’ouvriers, alors nous voulons développer l’artisanat.

Georges Mischo, bourgmestre d’Esch-sur-Alzette

Le chômage à Esch est relativement élevé. Comment comptez-vous dynamiser l’économie locale?

«Il faut en effet rapprocher l’emploi de là où habitent les gens. Évidemment, tout le monde ne pourra pas aller à pied au boulot, mais nous souhaitons promouvoir des emplois pour des salariés hautement qualifiés, tout comme pour des salariés peu qualifiés.

Ainsi, nous voulons créer des places d’apprentissage à la commune pour les étudiants et nous songeons à un ‘Handwierker-Haff’ (une ‘cour d’artisans’) sur les friches pour promouvoir l’artisanat auprès des jeunes et des enfants. Esch a toujours été une ville d’ouvriers alors nous voulons développer l’artisanat. Tout le monde ne peut pas devenir médecin, avocat ou enseignant, il nous faut aussi des artisans.

La commune peut, avec la Chambre des métiers, la Confédération luxembourgeoise du commerce et les écoles, explorer plein de pistes différentes.

Mais pour attirer des entreprises à Esch, songez-vous par exemple à adapter l’impôt commercial communal (ICC) au niveau du facteur multiplicateur?

«Oui. C’est une des idées. Ensuite, il y a le fait qu’Esch est un site intéressant. Belval n’est pas encore terminé, nous aurons le site de la ‘Lentille Terre Rouges’ et le site industriel Esch-Schifflange.

Esch sera la capitale européenne de la culture en 2022. Actuellement, l’ancienne bourgmestre, Vera Spautz, est la présidente de l’asbl «Esch 2022». Cela va-t-il rester ainsi?

«Non. Selon les statuts, le bourgmestre est le président de l’asbl. Pim Knaff (échevin DP) et moi-même allons remplacer Vera Spautz et Jean Tonnar.

Comment comptez-vous développer le projet? Quelle est votre approche?

«Premièrement, je compte bien embarquer toutes les communes de la région à bord, y compris Bascharage et les communes voisines en France. Il faudra avoir tout le monde à bord.

En ce qui concerne les projets, je tiens d’ailleurs à expliquer quelque chose, dont on n’est pas toujours conscient: les fonds des communes respectives sont réservés à des projets qui ont lieu dans leur commune. Par exemple, Esch ne finance pas un projet à Differdange et vice versa.

Tous ces projets seront cependant sous le label de la capitale européenne de la culture et sous la vision commune.

Mais il y a aussi les fonds de l’État…

«Oui, l’État paiera 67%, donc 40 millions d’euros, pour le concept général. Cette somme est évidemment pour tout le monde et pas seulement pour Esch.

Au niveau du concept, vous ne comptez pas entreprendre de modifications?

«Non, l’asbl a un certain nombre de collaborateurs, mais il faudra néanmoins ajouter des experts financiers. Après tout, il s’agit de 70 millions d’euros au total pour le projet et il faudra tout de même veiller à ce que rien n’aille de travers. Je pense que Vera Spautz aurait fait de même.

La ville d’Esch a longtemps été dirigée par le LSAP. Ne craignez-vous pas certaines difficultés pour travailler ensemble avec les fonctionnaires?

«Non. Pas du tout. Tout d’abord, je ne suis pas du genre à avoir peur, et puis il s’agit de fonctionnaires. Dans tous les services que j’ai rencontrés jusqu’à présent, j’ai dit que, peu importe si je le sais ou si je ne le sais pas, ça m’est égal à quel parti ils adhèrent (en luxembourgeois: ‘et ass mir egal wéi eng Parteikaart se an der Täsch hunn’).

Je ne jugerai personne, ce qui compte, c’est l’engagement pour la ville d’Esch. Il s’agit de travailler ensemble et jusqu’à présent, je n’ai pas reçu le moindre signe que quelqu’un voudrait me jouer des tours. D’ailleurs, après tout, ils sont fonctionnaires et ont prêté serment. Je ne me fais vraiment pas de souci.

Dernière question, Monsieur Mischo, avez-vous des ambitions pour les élections nationales d’octobre 2018? Souhaitez-vous figurer sur la liste du CSV dans le Sud?

«Oui. Je disais dès le début que je n’exclurais pas cette possibilité. Maintenant, vous allez entendre la phrase habituelle: d’abord il faut que mon parti me le demande. Cela dit, je pense que mon parti sollicitera le bourgmestre de la deuxième ville du pays. J’étais candidat en 2013 en tant que novice et je suis prêt à me présenter pour mon parti en octobre 2018.»