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Fondée en 2003 par Niklas Zennström, un Suédois de 38 ans, que l'on pourrait qualifier de nouveau Bill Gates, et Janus Friis, un Danois de 28 ans, Skype a déjà conquis 25 millions d'utilisateurs de par le monde. Même si le Luxembourg est un marché plutôt limité, c'est sa situation géographique et son environnement réglementaire qui ont surtout séduit les créateurs de KaZaA. Il était temps de se présenter au pays dans lequel la société, même si elle n'y compte que trois employés sur un total de 90, a établi son siège social. L'infrastructure et la maintenance sont gérées en Estonie (Tallin), le reste est basé à Londres.

Skype est un logiciel de téléphonie Internet peer-to-peer (P2P, poste à poste) qui permet à ses utilisateurs de converser, gratuitement, avec d'autres utilisateurs de ce produit, grâce à la voix sur IP. Il est possible, via ce logiciel gratuit, de téléphoner, via Internet, depuis son ordinateur (mac, pc, sous windows ou sous Linux) ou un PDA, munis d'un casque et micro. Malgré le fait que la technologie qui se cache derrière soit complexe, le logiciel est très facile à utiliser et permet une conversation simultanée entre 5 personnes, qui peuvent, parallèlement, envoyer des e-mails. Il est cependant préférable de disposer de l'ADSL ou du câble. Avec Skype, l'utilisateur voit directement si ses contacts sont connectés à Internet et, donc, joignables.

La VOIP fonctionne depuis 10 ans mais la capacité d'Internet n'était pas suffisante et la communication n'est pas assez bonne, c'est ce qui fait la différence avec Skype puisque avec le P2P la communication va directement d'un point à un autre, explique M. Zennström.

Bien entendu, il faut que l'interlocuteur que l'on veut contacter dispose également de Skype mais il est, en outre, possible d'appeler, n'importe où dans le monde, un correspondant sur un téléphone fixe ou mobile. Le tarif à la minute du service SkypeOut est de 1,7 cent, soit 2 cents taxes comprises, dans 22 pays, vers un téléphone fixe, pour les appels vers un mobile, cela revient un peu plus cher. La liste des prix est disponible sur le site www.skype.com/go/prices.html.

Actif depuis le 29 août 2003, Skype a été téléchargé plus de 56 millions de fois. Le logiciel, disponible dans 20 langues, comptabilise 4 milliards de minutes de communication. M. Zennström prédit que le nombre d'utilisateurs de SkypeOut atteindra bientôt le million.

Bien que le logiciel soit gratuit, il ne comporte aucun message publicitaire. "Nos revenus proviennent du SkypeOut, de la messagerie, et des accords marketing", explique M. Zennström qui explique que la fourniture d'un logiciel ne nécessite pas beaucoup d'investissement dans les infrastructures. Skype a convaincu plusieurs investisseurs privés, tels que Mangrove Capital Partners, Bessemer Venture Partners, Draper Fisher Jurvetson, Index Ventures.

Skype compte parmi ses partenaires Siemens, Logitec et Motorola qui doit prochainement sortir un GSM renfermant le logiciel Skype. "On devient de plus en plus global en matière de connexions Internet. Aujourd'hui, c'est très clair qu'il n'y aura qu'un réseau pour les communications fixes et mobiles. Le téléphone devient gratuit, cela a des implications significatives. Le réseau de téléphone n'a pas changé depuis 20 ans, avec le logiciel, on innove plus vite. Skype change le jeu. Téléphoner avec un logiciel, cela change la donne relativement beaucoup".

Les opérateurs de téléphonie ont du souci à se faire. Selon M. Zennström, les réactions ont été diverses. Certains ont prédit que Skype ne décollerait pas, d'autres qu'il lui manquait la qualité et les plus malins, pensent déjà à s'associer avec cette société.

Niklas Zennström affiche déjà quelques beaux succès à son actif puisqu'il a lancé, avec Janus Friis, qu'il a rencontré chez Tele2, get2net, everyday.com, KaZaA - logiciel Internet permettant de télécharger de la musique, qui compte 370 millions de téléchargements -, Jotlid, ou encore Altnet.

Les deux fondateurs misent sur l'accélération de la croissance de Skype et visent les 40 millions d'utilisateurs. La Chine, le Japon, Corée, Hong Kong constituent leurs autres cibles.